En roue libre dans la descente.
Victoire découvre un matin son ami Félix mort près d'elle dans son lit. Ne se souvenant de rien, prise de panique, elle file vers le sud-ouest. Sa fugue va durer un an, d'où le titre.
Dans ce court roman, ou cette longue nouvelle, une fois de plus Jean Echenoz excelle à nous dire l'essentiel, l'air de rien, grâce à son style époustouflant de simplicité et de précision. Utilisant d'abord le train, puis le vélo, enfin l'auto-stop, Victoire parcourt une descente rapide, en roue libre, vers un destin qu'elle ne choisit pas, parce qu'elle ne sait pas ce qu'elle fuit, à quoi, précisément veut-elle échapper.
Mine de rien, l'auteur décrit bien comment la décadence peut arriver dès qu'on lâche prise, ou lorsqu'un incident, un accident, une rupture, vient dérégler notre vie, qui ne tient, finalement qu'à peu de choses, mais qui est tout: le confort matériel, le travail, le lien social.
Jean Echenoz m'enchante à chacun des ses livres. c'est un amoureux des mots, un magicien de la phrase. Celle-ci coule chez lui comme une rivière où flottent des objets précis, sombres ou brillants, trouvailles inattendues, parfois surprenantes.