Années trente, alors que dans la chaleur de la Louisiane, ses ennemis manœuvrent pour prendre sa place, Willie Stark, un ancien pèquenaud qui a gravi tous les échelons à force de populisme et de démagogie pour devenir gouverneur, se découvre un nouvel adversaire : le vertueux Juge Irwin. Le Boss charge alors Jack Burden, narrateur cynique en quête de sens, du fardeau de découvrir la vérité, car dans un monde de corruption « il y a toujours quelque chose à déterrer ». Mais déjà le temps agit, le é met en place le futur et tous les hommes du roi (le premier cercle qui gravit autour de l’homme de pouvoir) montent sur scène pour la tragédie à venir.
Le récit est mené avec lenteur, au début j’ai pensé m’ennuyer, mais pas du tout. Robert Penn Warren ne nous plonge pas immédiatement dans l’action, il nous décrit avec précision les personnages, leurs sentiments, leur histoire, minutieusement il peint un décor quasi photographique, nous rappelle l’Histoire, il dresse des inventaires. L’auteur est doué pour la mise en scène, il nous emporte comme dans un galop. Parfois ça ce calme, on respire un peu en attendant un nouvel évènement malsain, dramatique ou explosif. Le style est somptueux, brutal parfois, et les métaphores délicieuses. Pas étonnant que « Tous les hommes du roi » soit adapté au cinéma, par deux fois. Un roman magistral.