De 1850 à 1854, Dostoïevski purge une peine d'emprisonnement en Sibérie. A sa sortie, il publie "Souvenirs de la maison des morts" aujourd'hui considéré comme un classique de la littérature concentrationnaire. C'était la première fois qu'un roman était publié sur ce sujet politiquement incorrect et dévoilait les coulisses du système pénitentiaire russe.
Dostoïevski e par le roman pour témoigner, ce qui lui donne davantage de liberté mais on n'a pas de peine à se projeter avec lui au coeur de la Sibérie pour découvrir non seulement l'organisation pénitentiaire mais aussi sa communauté de prisonniers. La force du récit vient du fait qu'il ne s'agit pas d'un pamphlet (contrairement à Victor Hugo qui a fustigé le système judiciaire français à travers "Le dernier jour d'un condamné" et "Claude Gueux") mais bien d'une exploration sociologique de la vie au bagne. le tour de force de ce grand auteur russe est de nous rendre attachants les criminels condamnés.
Les descriptions des scènes de la vie quotidiennes sont incroyables de vie et de précision, et le lecteur est subtilement invité à se forger sa propre opinion au spectacle des usages et coutumes de la prison. L'approche psychologique est fine et sert à merveille un récit tout en action dans lequel il est impossible de s'ennuyer.
Dostoïevski est un auteur qui a été condamné à mort dans sa jeunesse. La sentence fut exécutée par un simulacre avant d'être transformée en déportation. Quand on a vécu ce type d'expérience et qu'on s'est retrouvé les yeux bandés devant un peloton d'exécution, le besoin de témoigner semble plus que légitime, indispensable pour goûter à nouveau au réel.