Impossible de parler de SCUM sans parler de Marguerite et des Héroïnes de la Rue.
J’ai découvert Valérie Solanas grâce aux Amazones et lu les deux livres dans la même journée. Donc pour moi, ils forment un ensemble naturel.
Scum Manifesto est considéré comme un classique du féminisme radical-extrémiste, mais je l’ai découvert seulement cette année.
C’est un manifeste pour que 1) les femmes se détachent des hommes et 2) les femmes émasculent les hommes.
C’est un manifeste « violent » qui se démarque franchement du reste de la littérature féministe.
La colère y est comme hurlée et c’est bien la première fois que je lis un livre encourageant à la violence contre les hommes.
Pour certaines, ces préconisations doivent être prises littéralement et nous encourager à prendre les armes contre les hommes et leur violence.
Pour d’autres c’est une blague, un fantasme de revanche pour des femmes qui de toute façon, on le sait bien, n’ont finalement jamais recours à l’action violente.
Pour moi, c’est une lecture libératrice et jouissive. Valérie Solanas ose dire ce que toute féministe, toute femme peut-être même, pense quand elle fait le bilan de la violence des hommes envers nous. Dans ces moments d’exaspération et d’impuissance, je pense : Je hais les hommes.
Valérie Solanas est envahie par cette révolte et la développe furieusement, joyeusement dans SCUM Manifesto.
La lire me procure déjà un sentiment de revanche assez jouissif. Avec elle, notre colère prend toute son ampleur. Et elle lui donne une autre issue que la fatalité et l’impuissance.
Parce qu’aujourd’hui face à la somme des violences des hommes, les féministes n’ont rien d’extrémiste ou radicale.
Dans une langue furieuse, drôle et puissante, elle nous encourage à laisser toute sa place à notre colère. A arrêter de prendre les hommes, les pères, les frères et les maris sans cesse en compte.
Elle nous rappelle que pour être libre, il faudra être prête à la radicalité.
Que ça ne se fera pas avec la douceur, la patience, l’amour et la compréhension. Après tout, ça n’a jamais marché jusqu’ici, pourquoi ça marcherait maintenant ?
C’est à chacune d’entre nous de définir jusqu’où on pousse la radicalité à laquelle Valérie Solanas nous engage.
A mon niveau, elle me donne du courage pour militer, coller, faire l’action en plus. Et elle crée un lien entre toutes celles qui se revendiquent SCUM.