Dans la ville d'Alger et sa périphérie, on suit l'enquête de la commissaire Nora Bilal et ses équipiers au sujet d'un meurtre sur une étudiante. Et l'investigation, dans une Algérie gangrénée par une loi de l'ombre dirigeant les médias et la politique, va s'avérer périlleuse pour la femme flic opiniâtre devant se frotter à la misogynie quotidienne de son milieu partiellement corrompu en plus. De la citée algéroise aux bleds des alentours, en ant par des bars malfamés, des tripots, une campagne austère et des villas aisées du littoral méditerranéen, les pistes se joignent dans un nœud gordien dans lequel les morts commencent à tomber en nombre à l'approche du point névralgique. Et on prend un peu peur vis à vis de certains personnages auxquels on s'attache.
Qu'attendent Les Singes est un polar noir comme il est bien nommé, présentant un pays d'après les années noires du terrorisme, réduit à se taire et à se plier sous les ignominies d'une loi mafieuse et immorale. Mais sous la chape de plomb qui étouffe les Algériens et qui pourrit la vie des plus méritants à la faveur des pires crapules, ce livre fait ressentir l'espérance qu'un jour, l'Algérie puisse retrouver son sourire, se débarrasser de ses vieux démons et de se libérer d'une attribution victimaire politisée et abusive, attribution révélée ici comme une excuse et voulue par une gérance d'un pouvoir qui tient à garder sa poigne despotique sur la population tous les niveaux sociaux confondus. Dans cette fiction policière, où des flics loyaux ou véreux risquent de tout perdre au fil de l'enquête, c'est ce que l'on pourrait traduire comme une dénonciation que l'auteur Yasmina Khadra chercherait à transmettre à ses lecteurs.
Dès sa montée à crescendo, ce livre ne nous lâche pas et ce jusqu'à atteindre les toutes dernières pages.