Philby : Portrait de l'espion en jeune homme par Brice B

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La littérature et le cinéma n’ont quasiment plus rien en commun lorsqu’il s’agit de parler d’espionnage : là où l’un mise sur l’action perpétuelle à un rythme effréné, l’autre s’installe dans une savoureuse langueur propice à une intrigue pleine de complexité, riche de rebondissements. Oubliez donc votre culture cinématographique de l’espion aux mille gadgets avant de vous attaquer à un roman de Robert Littell (la recommandation est valable pour les autres écrivains de la même trempe, comme John Le Carré), au risque d’être terriblement déçu, pour ne pas dire ennuyé.


Philby, sobrement intitulé « Young Philby » par son auteur, et adapté en « portrait de l’espion en jeune homme » par l’éditeur français, revient sur un des personnages les plus troubles de l’histoire de l’espionnage moderne : Kim Philby. Fils d’un ornithologue aisé, orientaliste convaincu et faisant fonction de diplomate au Moyen-Orient tout en espionnant pour la couronne (en somme, le rival de Lawrence d’Arabie), le jeune Philby tombe très tôt dans le monde du renseignement.


Au début des années 30, notre héros étudie à Cambridge et fait parti d’une petite bande d’intellectuels s’intéressant au communisme, jusqu’à se laisser bercer par les douces paroles des services secrets soviétiques, pour lesquels il commencera à travailler, partant à moto à Vienne pendant l’insurrection de février et y épousant une jeune militante communiste. Plus tard, et alors que ses amis l’auront ret dans sa vie d’espion, formant ce qu’on appellera les Magnificent Five, il couvrira la guerre d’Espagne dans le camp de Franco pour le compte du magazine Times, puis le début de la seconde guerre mondiale dans le nord de la faisant alors face à l’invasion allemande.


Il intègrera pendant la guerre le service de contre-espionnage des renseignements britanniques, persuadant Moscou qu’un de leurs agents les mieux placés venait d’accéder au coeur du pouvoir, lui fournissant ainsi des secrets d’une importance capitale. Pendant de très nombreuses années, et jusqu’à sa mort, Philby resta un cas d’école des agents doubles, personne ne sachant réellement s’il était un espion russe infiltré dans le renseignement britannique, où s’il avait ret les services secrets soviétiques sur instruction des anglais, conduisant les deux camps à le considérer avec autant d’égards que de méfiance.


Robert Littell (le père de Jonathan Littell, connu pour son roman Les Bienveillantes) s’intéresse avec ce roman aux jeunes années de l’emblématique espion, à cette dualité construite très tôt pendant ses études, et réussit à romancer une figure historique d’un monde voué au secret avec le talent qu’on lui connaît. Un livre ionnant, qui ne lève pas le voile sur tous les mystères entourant la vie d’espion de Kim Philby, mais qui permet de connaître les prémices d’une carrière placée sous le signe de la duplicité.

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le 8 févr. 2016

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