Un roman choral d'une belle densité que je me suis surpris à apprécier au fur et à mesure de mon avancée dans la lecture, n'étant d'emblée pas très emballé.
A travers presque deux décennies (de 2000 à 2017, environ) et une galerie d'adolescent qui deviennent adultes dans des circonstances particulières (et pas forcément idéales), l'auteur brosse sa vision d'une Amérique "provinciale" qui vit dans sa chair les soubresauts d'une civilisation confrontée aux conséquences des attentats de septembre 2001, son cortège d'existences gâchées par le "va-t-en-guerre" ambiant et la médiocrité de vies plongées dans la paupérisation économique et l'indigence intellectuelle.
On en vient même à se demander si cette jeunesse n'est de toute façon pas condamnée à ce type d'existence, indépendamment des attentats, des guerres et de la crise qui ont suivi...
J'ai trouvé le procédé narratif ambitieux : de longs chapitres qui épousent les points de vue de quatre personnages qui gravitent dans le microcosme géographique et mental de la même petite ville, avec d'incessants allers-retours é/présent (que certains lecteurs pourront trouver trop bourratifs).
Ca n'est à mon sens, pas écrit dans un style mémorable ; c'est de sa structure narrative à tiroirs que l'auteur tire son épingle du jeu, surprend le lecteur et l'accroche comme le ferait un thriller bien troussé (car en fin de compte, c'est bien d'un roman mainstream qui finit par virer au "whodunit" dont il s'agit).
D'une façon générale, quelle que soit la qualité de l'écriture, le lecteur sait qu'il tient un très bon roman lorsqu'il a l'impression d'avoir vécu avec les personnages fictifs et qu'un soupçon de nostalgie le saisit lorsqu'il termine le livre.