Nuages flottants
7.3
Nuages flottants

livre de Fumiko Hayashi (1951)

Nuages flottants par Neena

" Tous les deux, on est comme des lapins écorchés, non ? "

" Au fond, il avait toujours été un homme au cœur vide. Il n'était qu'un spectre qui avançait avec un cœur vide, donnant le change en battant au rythme des vivants. "

" Quand le soir venait, elle avait envie de boire. Elle avait l'impression que seules les liqueurs fortes permettaient à son cœur dévasté de tenir le coup. [...] Elle avait l'impression que le destin lui refusait tout ce qu'elle désirait alors que ce dont elle ne voulait plus continuait à coller à sa vie. A cette pensée, elle sentit son cœur se dessécher dans sa poitrine."


... Ou comment peindre, en trois citations, le visage d'un livre.

"Nuages flottants", c'est de la littérature. La vraie, t'sais. Celle qui te prend. Me détacher ce livre des mains relevait du miracle. J'étais en cours, je lisais, parce que je voulais savoir, je voulais ressentir, je voulais que ces mots continuent à faire vibrer mon palpitant. C'était magique. Et ça faisait des siècles que cela ne m'était pas arrivé, que de ressentir purement et simplement, rien qu'en lisant. Se reconnaître. Voir ses failles se refléter.

Outre ces émotions (qui me sont propres), le livre est exquis. Oh, non, même exquis semble être un mot vulgaire. "Nuages flottants", c'est tout ce que j'aime dans la littérature asiatique. Cette pureté, cette parcimonie, ces décors qui fleurissent spontanément. Les mots sont justes, bien choisis. Les sensations sont merveilleusement bien décrites, aussi. J'ai vu mon reflet dans ce roman. Il m'a rendu un peu triste.

"Nuages flottants", c'est l'histoire d'un homme qui ne sait pas quitter une femme, et une femme qui ne sait pas oublier un homme. Une romance qui perdure, qui reprend de la vigueur, qui s'essouffle, qui s'étend, se détend, sans jamais se rompre. Les souvenirs sont lourds, mais ils tiennent chaud, alors les deux protagonistes s'y réfugient, faisant de cette histoire ée un rempart comme une réalité fade.


Mais, comme dit ma mère, y'a des trucs, faut juste ettre que ça appartient au é, que ça a été, que ça ne sera plus. Même si ça fait mal.
9
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Créée

le 19 mai 2013

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Neena

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