Avant "Martine va à la plage" ou "Martine a un nouveau vélo", Émile Zola proposait "Nana fait du théâtre", "Nana joue les grandes dames" ou encore "Nana va à l'hippodrome". Parce qu'honnêtement, même si je schématise, "Nana", c'est un peu ça. On a un personnage, une Vénus du XIXe siècle, qui les fait tous hurler de désir. Au milieu de tout ça, elle flâne, elle s'amuse, elle se moque, elle bouffe, elle invite, elle lâche, elle écrase, elle se laisse écraser, parfois. Le tout chapeauté par une structure "séculaire", noyé dans des chapitres à rallonge qui ressemblent souvent à des démonstrations. C'est le Zola que j'aime le moins, dans Nana : celui qui, trop soucieux de suivre son projet avec rigueur, néglige le romanesque, se force presque à l'invoquer de temps en temps, préférant faire la part belle à ses thèses et à sa vision désabusée du monde.
En résulte un roman mal calibré, peu équilibré, où les personnages (trop nombreux) virevoltent d'un coin à l'autre des chapitres sans vraiment intéresser ou émouvoir. Les ressorts dramatiques sont poussifs (rien que la mort de Nana est ridicule - intéressante mais tombant comme un cheveu sur la soupe), les dialogues irritants ; on aimerait se délecter devant la sauvagerie ingénue de cette Nana, mais trop de lourdeurs viennent gâcher l'expérience. Dommage.