Je sais que Becky Chambers est une auteure appréciée des amateurs de science-fiction, mais clairement, il faut aimer le soap. Parce que Libration, c'est un monde où tous les protagonistes sont bienveillants, pleins de tact, où chacun se remet en question pleinement et finit par accepter l'autre, quel que soit son aspect ou son orientation, où l'on est saisi de sueurs froides à l'idée d'avoir pu paraître "spéciste" ou de "mégenrer" quelqu'un.
Seulement voilà, le gros point noir, c'est que sans clivage, pas d'histoire. Et ce n'est pas l'écriture, qui semble typiquement adolescente, au point que j'ai vérifié l'âge de l'auteure, qui va donner du caractère à l'ensemble. C'est fluide, là n'est pas la question. Mais c'est surtout résolument plat. Au point que les développements scénaristiques semblent arriver fortuitement, il faut bien que l'histoire avance mais comme il n'y a aucun élément déclencheur, on en crée. Ainsi de la dernière partie du roman, qui arrive comme un cheveu sur la soupe, simplement parce que l'une des protagonistes a enfin reçu une réponse à un message qu'elle envoie régulièrement depuis des années : on a vraiment l'impression que Becky Chambers a épuisé son sujet et doit er à la conclusion.
Le sujet donc, c'est l'acceptation de l'IA en tant que forme de vie, et le "combat" d'une IA munie d'une enveloppe corporelle pour trouver sa place. Je mets combat entre guillemets, car en fait il n'y aura strictement aucune opposition d'aucune sorte, ici nous sommes dans l'univers bisounours.
Alors que reste-t-il? Une guimauve sentimentale digne d'une série TF1.
Pourquoi donc mettre autant? Pour l'univers développé, notamment les ages dans l'univers des Jane : Becky Chambers a de l'imagination c'est certain. Mais concernant les Jane par exemple, Elisabeth Vonarburg avait déjà créé une chose similaire dans l'excellent et ambigüe Chroniques du pays des mères. Et on nous dit sur le quatrième de couverture que Becky Chambers révolutionne la science-fiction! Mouais. De la même manière que Marc Levy révolutionne le drame social.