Les Voleurs d’innocence par Gwen21

"Les voleurs d'innocence" est, comme le promettait la 4ème de couverture, une roman intriguant. Le qualificatif de "gothique" a également été largement utilisé par l'éditeur, sans doute parce qu'au centre de cette narration sororale il y a avant tout un lieu, une maison hantée - le "gâteau de mariage" - aux pignons tarabiscotés et aux pièces immenses et peintes de fleurs alliant poésie et venin.


Une maison symbole de l'union de Bélinda, la mère, avec un homme fabricant d'armes qui lui a été imposé, et de ses six filles, toutes baptisées du nom d'une fleur. Le mariage, il en sera question de la 1ère à la 589ème page. En effet, une malédiction semble peser sur les épaules de Madame et Mesdemoiselles Chapel - là encore un nom prédestiné. De par l'activité du père, la mort est partout présente dans ce lieu paradoxalement rempli de fleurs, vivantes, peintes ou incarnées dans les demoiselles qu'il abrite.


Nous sommes dans les années 50 en Nouvelle-Angleterre, côte est des USA et il semble que contracter un mariage promette chaque miss Chapel à une mort foudroyante. Iris, la narratrice, échappe seule à ce sinistre augure. Je ne spoile pas, c'est le pitch. Octogénaire, elle raconte dans une série de carnets l'histoire de sa famille, de ses sœurs, ainsi que sa propre destinée.


Le roman se lit bien, les pages tournent facilement. L'atmosphère est en effet mystérieuse et quelque peu "gothique" dans le sens où l'on y trouve maison hantée, malédiction, folie, spectres, vierges menacées, etc. Un sentiment d'oppression envahit le lecteur mais qui ne s'est jamais transformé en suspense en ce qui me concerne, pour la bonne raison qu'on s'attend à la disparition de chaque sœur avec une régularité déprimante de métronome. Le récit souffre de longueurs et de redondance, les 250 pages de son centre constituant un "ventre mou" que j'ai eu quelque peine à surmonter ; toutefois j'ai été heureuse de persévérer car le dénouement m'a plu, mieux rythmé.


Globalement, ce fut une lecture agréable mais beaucoup moins marquante que ce à quoi je m'étais attendue, je suis loin du coup de cœur. Je n'ai notamment pas apprécié la place des hommes (ou l'absence de place) dans le roman, aucun ne trouvant grâce aux yeux de l'autrice et de la narratrice, visiblement misandres toutes les deux. J'ai trouvé cela un peu raide, sans mauvais jeu de mots.


Je ne me suis pas attachée plus que cela à Iris, c'est sans doute la raison principale expliquant mon avis mitigé. Néanmoins, je reconnais que le roman offre des aspects très intéressants d'un point de vue littéraire : la mise en place de l'ambiance familiale - quoiqu'alourdie par une minutie inutile dans la description des repas et des vêtements -, l'introduction du thème de la folie, la place des femmes dans la société patriarcale américaine, etc.


Un roman que je suis contente d'avoir lu et terminé.

6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2025

Créée

le 7 mai 2025

Critique lue 1 fois

Gwen21

Écrit par

Critique lue 1 fois

D'autres avis sur Les Voleurs d’innocence

Les Voleurs d’innocence
10

Top 10 direct

Ce roman s'est propulsé directement dans mon top 10 des livres de l'année !!Je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre en ouvrant ce livre, je savais juste que j'étais tombée amoureuse de la...

le 28 mai 2024

1 j'aime

La conteuse de talent

Les Voleurs d’innocence est un achat impulsif que Émeline a fait un jour qu’elle m’accompagnait à La fleur qui pousse à l’intérieur, alors qu’elle faisait le tour de la librairie en flânant tandis...

le 11 avr. 2025

Critique de Les Voleurs d’innocence par Gwen21

"Les voleurs d'innocence" est, comme le promettait la 4ème de couverture, une roman intriguant. Le qualificatif de "gothique" a également été largement utilisé par l'éditeur, sans doute parce qu'au...

Par

le 7 mai 2025

Du même critique

Critique de La Horde du contrevent par Gwen21

Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...

Par

le 1 janv. 2014

68 j'aime

24

La Nuit des temps
10

Critique de La Nuit des temps par Gwen21

Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...

Par

le 15 sept. 2013

55 j'aime

10

Critique de La Disparition de Stephanie Mailer par Gwen21

Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...

Par

le 22 mai 2018

33 j'aime

8