Après La Maison aux sortilèges, j’attendais avec impatience le nouveau roman d’Emilia Hart, et Les Sirènes ne m’a pas déçue. L'autrice joue sur plusieurs temporalités avec finesse. Le fantastique s’invite doucement, donnant au récit une dimension mythique sans jamais basculer dans l’excès. J’ai été immédiatement happée par cette histoire envoûtante, où récits entremêlés, légendes oubliées et voix venues de la mer composent un tableau à la fois hypnotique et profondément symbolique.
On suit Lucy, une jeune femme écorchée vive, fuyant un é trouble. Quand elle arrive à Comber Bay, dans la maison isolée de sa sœur Jess, celle-ci a mystérieusement disparu. La ville semble engloutie par le silence et les secrets. Puis, j’ai entendu avec elle ces voix de femmes venues d’un autre temps : Eliza et Mary, deux sœurs du XIXe siècle, condamnées et oubliées. À travers leurs murmures, un lien invisible se tisse entre elles et Lucy, au fil des chapitres.
Ce qui m’a particulièrement marquée, c’est l’ambiance. J’ai été totalement immergée dans cette atmosphère sombre, presque gothique. Il y a là, une grande maîtrise de l’art de l’atmosphère : brume, embruns, falaises et légendes marines forment un écrin sombre et poisseux, presque gothique. La tension monte subtilement, servie par une écriture fluide et une construction habile à travers les époques. Le fantastique se mêle au réel, brouillant les repères et installant un doute constant : hallucination ou mémoire transgénérationnelle ?
Les héroïnes, confrontées à la domination masculine et à la cruauté des hommes, n’ont d’autre choix que de se soutenir. Le roman, bien que peu porté sur l’action, captive par la puissance émotionnelle de ses personnages et la beauté de ses non-dits.
Même si j’ai deviné certains retournements, cela n’a rien gâché à mon plaisir. Les Sirènes m’a offert un voyage fort, sensoriel, féministe et profondément touchant. Si, comme moi, vous aimez les histoires où le mythe se mêle à la mémoire, alors ce livre est fait pour vous. Bonne lecture !