J'ai une grande fascination pour les auteurs critiques de la modernité issus de la pensée nietzschéenne, weberienne, dont Houellebecq est un éminent exemple. Cet ouvrage m'a donc particulièrement plu. J'avais lu, auparavant, Soumission, et cet ouvrage m'avait marqué par son incroyable nihilisme fataliste. Houellebecq est, autant dans Soumission que Les Particules Elémentaires, un auteur de l'extinction, d'un post-lapsarisme non pas nucléaire, mais las. Il est évident qu'il est profondément inspiré par la pensée nietzschéenne qu'il ire autant qu'il exècre car, ce qu'il souhaite n'est pas une affirmation des valeurs ; non, c'est la négation de l'Homme, son extinction. Pour Houellebecq, la société post-humaine dépeinte dans LPE n'est pas une dystopie ; c'est une utopie, la seule issue possible et souhaitable pour une humanité fatiguée, désenchantée.
Il ne le fait pas sans nuances : Houellebecq écrit justement, dans le prologue Des Particules Elémentaires, qu’à « l’époque de Djerzinski, on considérait le plus souvent la philosophie comme dénuée de toute importance pratique, voire d’objet ». Pourtant — poursuit-il — « en réalité, la vision du monde la plus couramment adoptée, à un moment donné, par les membres d’une société détermine son économie, sa politique et ses moeurs. » Ce constat renvoie à une ironie tragique de l’ultra-positivisme : même la scientisation extrême du monde n’est pas une neutralité. C’est, sinon une religion, une philosophie.
Il y existe une zone de flou cependant dans LPE : s'il s'agissait d'annihiler l'humanité s'éteindre, pourquoi, au lieu de la cloner à partir du génome de Djerzinski, ne pas avoir simplement laissé l'humanité s'éteindre ?