Severance Monet

On ne va pas se mentir, j'avais été happé par le précédent roman de Bouillier, le cœur ne cède pas. Ce mélange d'autofiction de roman policier, de fresque historique et d'introspection psychanalytique m'avait subjugué.


La sauce prend un peu moins bien ici, mais j'ai tout de même é de nouveau un très bon moment. Le roman débute encore une fois par une obsession de l'auteur, celle de comprendre sa sensation devant les nymphéas de Monet, œuvre monumental qui, au lieu de le subjuguer le plonge dans des affres de tourment. Il en est certain, c'est parce que l'œuvre cache un (des?) mort (s?).

Revoilà alors le personnage fictif Bmore, détective qui va mener son enquête dans un seul but: donner raison à Bouillier et son impression devant l'œuvre impressionniste. Va alors débuter un périple dans le temps et dans l'espace, retraçant la vie de Claude Monet et de son entourage, éclairant l'oeuvre de l'artiste, la remettant dans un certain contexte.


Bmore compile des analyses, tire des conclusions parfois alambiquées. Il fait feu de tout bois. On se demande où il va, ce qu'il veut nous montrer. On se dit que c'est trop gros. Mais comme certains délires bien construit, on ne peut s'empêcher de se dire "et si c'était vrai?". Et sans doute que ça l'est souvent.


L'enquête va nous mener dans des endroits improbables, ou du moins nous en faire approcher (comme par exemple les toilettes d'Auschwitz), dans un age digne de Severance où Bmore (à moins que ce soit Bouillier? qui est l'innie? qui est l'outie?) visite le camps de concentration tout comme il visite la maison de Monet et où les couloirs de la mort se fondent dans les couleurs de l'amour.

On ressort de cette enquête parfois convaincu, parfois circonspect. J'avais l'impression de pouvoir tenir une discussion sur Monet avec un point de vue tout à fait novateur (mais je n'y connaissais rien en débutant le roman, (les convertis sont parfois le spires prosélytes) et je n'y connais pas grand chose de plus en en sortant).


Reste une expérience émouvante, écrite par un auteur bienveillant qui cherche simplement à nous faire réfléchir et investiguer notre moi profond (notre oiseau bleu comme dirait l'autre).


L'épilogue apporte un nouvel éclairage, comme pour nous dire que ce roman n'existe que parce qu'il est parti d'un point A. Mais qu'un tout autre livre aurait pu s'écrire depuis B(more?). La littérature, ce n'est qu'une histoire de point de vue. Il suffit d'y croire et de se laisser emporter. Vivement la prochaine enquête?

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le 5 avr. 2025

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