Le monarque des ombres de Javier Cercas est le premier roman de cet auteur que je lis. J'ai toujours été intéressé par la guerre d'Espagne sans jamais vraiment prendre le temps de m'y plonger en détails. Ce que j'en sais se limite donc à ce que j'ai lu ou vu dans quelques œuvres qui viennent s'y frotter.
Je savais que le premier roman de Cercas, Les Soldats de Salamine était une enquête fictive sur un personnage réél de la guerre civile espagnole, un phalangiste qui parvient à avoir la vie sauve en étant épargné par un républicain. Cette anecdote se retrouve en négatif dans le monarque des ombres, mais ce n'est pas tout a fait le même thème qui est abordé.
En effet, ici, on va suivre une nouvelle enquête, toujours mené par Cercas, sur les traces de son grand oncle, Manuel Mena, phalangiste tombé au champ de déshonneur à 19 ans, officier de l'armée franquiste mortellement atteint lors de la bataille de l'Ebre. C'est surtout de cela que va parler le roman : comment assumer d'avoir dans sa famille un personnage si sublimé pour des raisons et une causes inavouable. Comment concilié la honte du petit fils et la fierté familial.
Cercas va remonter le fil d'Ariane qui mène jusqu'à cet Achille du franquisme, qui a trouvé la belle mort, celle pour sa cause, qu'il croyait juste. Cet ersatz d'Achille familial regrette-t-il finalement d'être mort si jeune, en plus pour une cause si moche, d'être devenu le monarque des ombre qu'on a honte d'exposer à la lumière ?
Autant j'ai été séduit par le côté enquête, la retranscription pleine de vie des rencontres, dialogues, coup de fil, visite sur site qui sont écrit de manière somptueuses ; agrémenté de réflexion qui me faisait parfois pensé à du Kundera dans l'articulation de l'histoire personnel/familial et les réflexions philosophique, politiques et sociétales. Autant, je me suis royalement ennuyé dans les descriptions et retranscriptions des infos historiques. Cercas se vante de ne pas être un littérateur dans ces moments là, de s'en tenir aux faits. Mais c'est l'erreur de ce roman pour moi.
D'autres auteur, Jaenada par exemple, parviennent à ne pas trop prendre parti quand ils racontent des faits, retranscrivent leur travail d'enquête ; tout en insufflant de la vie dans ces récits. Ici, on a l'impression de lire une notice ou un mauvais flyer dans un musée. Tout reste à distance, on a du mal à comprendre qui fait quoi et où. Aucune émotion, aucune empathie ou symptahie ou antipathie possble. Juste un grand néant pour moi dans ces ages.
Difficile ensuite de se remettre dans le bain du roman, qui embrasse pourtant des questions essentiels, sur l'héritage, sur les choix de combats politiques, qui se garde bien de faire une analyse anachronique, tout en subtilité et en retenu.
Le grand écart entre ces 2 parties du livres (qui s'alternent tout du long), ne m'aura pas permis d'avoir envie de sortir ce livre de la semi obscurité où je vais le ranger. Cercas ne sera pas mon historien préféré. Par contre, sur les parties où il assume son côté littérateur, il m'a démontré qu'il pouvais être un très grand romancier. Je vais donc aller lui donner une 2e chance avec une œuvre où il assumera pleinement ce rôle !