L’histoire est assez captivante, et parfois assez intelligente car ambiguë ; je pense notamment au personnage de l’Italien.
Pour le reste, la manière dont l’auteur a imaginé le développement d’un monde dans lequel l’axe aurait gagné me semble tout à fait intéressante, malgré un certain manichéisme entre les deux nations victorieuses, d’après lequel les Allemands seraient fous, décadents, sanguinaires, et les japonais plus sages, et même gentil (heureusement, le mépris que portent les japonais au peuple américain atténue ce grossier manichéisme) . Ici, l’erreur de l’auteur est peut-être de ne pas s’être plus détaché de sa vision d’Américain des années 1960 pour essayer de peindre quelque chose de durable ; les nazis ne pouvaient qu’échouer sur le long terme : l’auteur semble se plier à une injonction de son époque visant à ne peindre l’élite allemande que comme cauchemardesque.
Disons que l’effet est efficace, mais que le tout apparaît assez grossier, presque facile.
Sur le récit en lui-même, je troue qu’il y a trop de personnages, souvent trop caricaturaux, à l’image de ce la manière dont l’auteur décrit l’élite nazie. L’auteur se perde dans des va-et-vient continuels entre des intrigues souvent poussives, et exploitant trop peu l’univers dans lequel elles prennent forme. En fait, ces personnages auraient pu évoluer dans n’importe quel Etat de n’importe quelle époque, pourvu qu’ils fussent des opposants plus ou moins volontaires au régime en place.
D’ailleurs, cette question de volonté est fondamentale. Un des seuls personnages qui semble vraiment intéressant est celui de l’Italien (les personnages japonais, aussi, sont assez réussis). Et la différence entre ce personnage et les autres est justement ce volontarisme. Ce personnage, en effet, arrive dans l’histoire avec un vrai projet, s’inscrivant, lui et ses objectifs, parfaitement dans cette réalité alternative particulière. Les autres, au contraire, ne rencontrent les particularités de cet univers que de manière incidente, mus par des objectifs assez médiocres d’américains moyens des Trentes Glorieuses, et se laissant simplement emporter par les événements particuliers, au hasard.
Il faut aussi parler de cet ésotérisme superflu qui vient se superposer à un univers qui pouvait se montrer suffisamment riche sans cela.
Mais l’histoire reste ionnante, malgré des dialogues, des personnages (l’héroïne, très vulgaire et assez inable), parfois un peu ridicules. Il y a le dénouement aussi, ce Haut château qui n’est en fait qu’une simple maison, qui fait largement retomber le tension du récit, tout comme le age de l’hôtel, au cours duquel le personnage féminin, sorte de femme-enfant épouvantable atteint un sommet d’inable.
Malgré un récit captivant, trop concessions, d’effets grossiers, superflus.