Dans l’univers alternatif de Kurt Vonnegut, ce n’est pas Oppenheimer mais un Docteur Hoenikker qui est le père de la bombe atomique. Et il a laissé derrière lui une drôle de descendance. Le narrateur, un journaliste, fait leur connaissance pour son projet, écrire un livre détaillant leurs mémoires du jour où la bombe est tombée sur Hiroshima.
Il pourrait s’agir d’une dissertation juste déprimante sur la Guerre Froide, le capitalisme, la religion, et la nature humaine, mais Vonnegut infuse son récit d’un humour imible, de personnages à la fois absurdes et vaguement réminiscents de quelqu’un à votre travail, de situations rocambolesques amenées de façon non seulement plausible mais indéniable.
Il faut dire que pour un roman de plus de cinquante ans, il n’a pas pris une ride. Le capitalisme bat son plein. San Lorenzo est la république bananière porte-bannière de toutes nos républiques bananières. Quant à la religion pastiche de Vonnegut, le Bokonomisme, à laquelle j’ai bien envie de me convertir, elle a de sérieux échos des origines du pastafarisme.
Pas vraiment de la SF au sens traditionnel - en dehors d’une forme de glace imaginaire, la fameuse ‘Ice-Nine’, Cat’s Craddle, c’est surtout beaucoup d’humour noir, un commentaire social et politique brillant... Et je ne peux dire si vous allez en rire ou en pleurer. Peut-être les deux à la fois?