Existence

Bonjour.

Un psychanalyste prend un temps sabbatique et part en retraite dans un coin reculé du Japon.

Cet homme qui a fait son métier d'écouter parler ses patients, se ressource à sa propre parole en lisant à voix haute à un potier non-francophone, ce qu'il a écrit.

Aidé par la bienveillance de son hôtesse et de son mari, il se recentre sur lui-même à travers des moments clés de son é et en revenant à ses sens : la vue et le toucher en particulier. Dans la foulée, le sens des mots perd son empire. Pas la parole.

Ce livre a la bonne idée de mettre en scène l'analyste s'analysant. L'homme à la recherche de ce qui réparera un cœur qu'il sent brisé, à réparer comme par "kintsugi".

La romancière Jeanne Benameur entre dans l'analyse de l'être humain. Dans une période de faiblesse et de remise en question, Paul révèle ses facettes, ces pans de sa personnalité que la vie a taillés en lui, dans la part brute de ce qui constitue sa personne. On a l'impression qu'en traversant les facettes du diamant qui reflètent la lumière, on accède à une intériorité de pierre brute, essentielle, d'une transparence intime sans autre fond que la perception qu'on a de soi-même. Peut-être "l'âme", ce "mouvement. Fugace"... de ces "moments d'âme ", pour "éclairer un peu, chaque fois, l'obscur de notre vie", en régénérant notre perception de la trivialité des jours. Souvent, paradoxalement, en fermant les paupières. Sans perdre pour autant un regard que la nuit approfondit sur le monde et sur nous-mêmes comme partie de ce tout, en harmonie.

(À lire certains avis, monte la tristesse de constater la lâcheté ou l'inconsistance de certains. Allez savoir. C'est pourtant bien de cela qu'il s'agit dans cet ouvrage. Mais, paraît-il, "on ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif". Vraiment pas soif ?)