La Forêt sombre
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La Forêt sombre

livre de Liu Cixin (2008)

Plusieurs livres en un seul

Le 1er volet de la trilogie du Problème à Trois Corps ne m'avait pas emballé plus que ça. Il a ses hauts et ses bas : palpitant par moment, terriblement froid et ennuyeux à d'autres moments. C'est le même constat pour ce tome 2, mais les hauts sont plus hauts, et les bas plus bas.


La Forêt Sombre démarre sur des bases neuves, puisqu'un seul personnage, secondaire qui plus est, lie les deux livres (le flic Shi Qiang). L'humanité sait désormais ce qui l'attend et les avis sont partagés entre défaitisme et optimisme. Que faire ? L'ONU élabore un projet pour feinter les Trisolariens : donner carte blanche à 4 gars, nommés les Colmateurs, pour sauver l'humanité. Leur objectif est de concevoir un plan victorieux pour la guerre à venir, tout en brouillant les pistes pour ne jamais dévoiler leurs réelles intentions à qui que ce soit. Parmi eux, un individu lambda, Luo Ji.


Le début est absolument imbuvable, verbeux, barbant, décourageant. Le livre ne décolle qu'à l'apparition des Colmateurs, et plus particulièrement de Luo Ji, qui préfère surfer et boire du cognac hors de prix alors que le monde entier est en pleine crise d'hystérie. C'est très prenant d'essayer de décrypter les plans secrets des 4. Et puis patatra, l'auteur efface tout ça. A la poubelle les Colmateurs, et téléportation dans un futur qu'on nous décrira en long et en large durant une centaine de pages sans qu'il ne s'y e grand chose. Et puis on embraye sur une séquence d'action à faire pâlir Michael Bay, etc. J'ai l'impression d'avoir lu 3 tomes consécutifs plutôt qu'un seul et après avoir refermé le bouquin, je ne sais pas du tout ce que pourra raconter la suite.


Tout le bouquin est sur ce rythme étrange de temps morts pénibles et de péripéties palpitantes. Liu Cixin peut faire preuve d'une grande froideur dans son écriture, comme il peut partir dans des envolées plus poétiques. Le livre n'est pas avare en surprises vraiment surprenantes, en rebondissements (parfois "faciles" ou capillotractés faut avouer), en décisions wtf, en références audacieuses (que vient faire le navet Belphégor avec Sophie Marceau ici ?), et autres moments jouissifs. Luo Ji est vraiment le personnage déclencheur de tout ça, surement le plus "vivant" de tous ceux que l'on croise.
La Forêt Sombre n'est pas exempt de défauts, j'ai souvent maudit l'auteur autant que je l'ai congratulé, j'ai failli abandonner la lecture plus d'une fois. Est-ce que j'ai besoin d'avoir 10 pages d'explications sur le vélo/parapluie du futur ? Je ne crois pas non. J'en ai chié et je me suis ennuyé plus que de raison.


Mais voilà, c'est un patchwork d'idées étonnantes, de concepts originaux, de théories intéressantes (celle du titre notamment), de moments de bravoure, de détours imprévisibles. Et même si Liu Cixin me doit surement un tube de doliprane, c'est ce que j'ai préféré retenir de ce second roman, bien plus emballant que le premier opus à mon sens.

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le 22 avr. 2021

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adrock

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