La Fille automate
7.2
La Fille automate

livre de Paolo Bacigalupi (2009)

Retour à l'usine...

Bon, J'avoue que j'ai eu du mal à le finir celui-là.
Ce curieux bouquin est plein d'excellentes idées. La vision qu'il propose d'un monde sans pétrole, redevenu immense, parcouru de voiliers et de dirigeables, et ravagé par les gènes mutants issus de l'industrie des OGM est saisissante et pendant une bonne centaine de pages, on se laisse happé par la chaleur moite de cette Thaïlande qui refuse de sombrer sous les flots et où tentent de s'immiscer ces corporations occidentales qui vous proposent des cultures stériles pour mieux vous asservir à leur calories artificielles. L'exotisme du contexte asiatique , les flashbacks discrets vers les catastrophes ées et la brutalité d'un monde martyrisé par la génétique et le réchauffement donnent à ce livre un punch étonnant. J'avoue que j'y ai cru...

Mais cela ne dure qu'une centaine de pages... Car il faut bien dire que Bacigalupi écrit avec des enclumes...
Les idées sont là, mais comme elles sont réitérées des dizaines de fois à l'identique dans des paragraphes eux-mêmes tous identiques, elles perdent vite toute saveur. En fait tout le livre va vite se perdre dans un cycle infernal de répétitions ad nauseam.
Un détail intéressant comme par exemple le fait que la fille surchauffe car elle a des pores trop petits devient vite un leitmotiv, un refrein pénible, une véritable scie, qui vous empoisonne tous les dix paragraphes.
Pareil avec des détails comme les chats génétiquement modifiés, amusante idée de pollution génétique, qui deviennent ainsi omniprésents dans le texte, gâchant de l'encre et surtout notre attention.
L'auteur veut nous faire comprendre que son héroine est rapide. Il va donc écrire le terme une centaine de fois, les gens vont commenter cette vitesse, tous les personnages vont s'en étonner, on va faire des arrêts sur image sur cette bon dieu de vitesse. (on sent le syndrome "matrix"). "ca va , ca va, j'ai compris", avais-je envie de crier à monsieur Bacigalupi...
Bref, répétition n'est pas scénario et on se perd non dans une infinité de détails (ce qui aurait déjà construit un univers) mais dans l'éternel retour des mêmes réflexions, des mêmes intentions et des mêmes situations. Les personnages font globalement tous la même chose: ils courent, ils trahissent, ils craignent pour leur vie dans des stand-offs de mauvais cinéma . L'auteur injecte un peu de politique fiction (le coup d'état à l'asiatique, ourdi en sous-main par les méchantes multinationales) ce qui est louable , mais ce développement est perdu dans la masse informe d'une narration qui n'avance pas, dans des phrases qui se transforment en parodies sous nos yeux fatigués, tellement elles ressassent leur contenu.
Je retiens l’étonnante et superflue présence d'un fantôme (si si) dans ce bouquin de SF , celle un grand méchant grotesque qui ressemble à Dr Folamour jusqu'à la caricature et d'un héros méprisable prêt à tout pour sauver sa peau... Quant à "la fille automate", loin d'être le moteur de l'action, elle n'est finalement que le jouet de scènes de sexe assez peu ragoutantes et bien maladroites.

Ce bouquin avait du potentiel, mais quel gâchis au final, la faute je crois à une très mauvaise écriture qui devient lancinante à force de ne pas progresser ... ez votre chemin pour celui-ci, le temps que l'auteur se fasse la main sur des cahiers d'écoliers .
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le 10 janv. 2014

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nostromo

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