Je me suis senti un peu mené en bateau, parfois sans ménagement aucun. Je n'ai pas toujours compris, et j'ai été très souvent ennuyé comme pour les premières pages d'Enfance (1983) de cette même Nathalie Sarraute. Le style de cette autrice le voici, en une fois comme en cent :
C'est tout tiède, duveteux, palpitant, gazouillant, chatoyant, gouttelettes brillantes de salive, bulles irisées autour des premiers balbutiements…
C'est avec ces mots qu'elle définit ces expressions tirées du réel et qui flottent dans l'espace de nos conversations. Cela devient évidemment extrêmement inconfortable lorsque l'on a l'impression d'être pris pour un imbécile, lorsque l'on a l'impression que Nathalie Sarraute rigole et nous prend en traître, j'ai la sensation qu'elle a conscience de chacun de ses effets, qu'elle sait exactement à quel moment l'on va s'offusquer, lors des trois premiers chapitres nous sommes introduits dans un monde étrange et analytique, ce monde, il aboutit dans les 3 derniers à beaucoup plus de violence, et le masochisme est un plaisir discret.
C'est une suite au bouquin de 1939 Tropismes, une suite plus accessible.
Je me demande, si le plaisir que je prends à lire cette autrice est illusoire. Je ne le boude pas, mais comme Sarraute, j'interroge.
Sinon il serait à craindre que cédant à... mais comme ces mots qui viennent… la paresse, le manque de sociabilité, le besoin de solitude… comme ils sont gros, vagues, impuissants à tirer au-dehors et à nous laisser voir ce qui pourrait pousser ces personnes à se dérober…
C'est bien de l'incommunicabilité, de l'inexprimable, du néant que les mots surgissent pour devenir de pâles reflets de l'expression du réel ou de L'Art de la conversation. Je n'aime pas cette violence.