L'Interdiction par BibliOrnitho
La marquise d’Espard accuse son époux de folie : l’homme dont elle vit séparée depuis de longues années ne lui permettrait de voir ses enfants que deux fois l’an. Et plus grave encore, il dilapiderait sa fortune, futur héritage de ses bambins. Le marquis d’Espard aurait versé plus d’un million – somme colossale – à monsieur Jeanrenaud et à sa vieille mère, personnages modestes s’il en est : des indigents qui auraient séduit ou ensorcelé le marquis tombé en leur pouvoir.
Le juge Jean-Jules Popinot est chargé de l’affaire. Par l’intermédiaire d’Eugène de Rastignac (qui aimerait faire de la marquise sa maîtresse en remplacement de madame de Nucingen dont il se lasse) et d’Horace Bianchon (le neveu du juge Popinot), la marquise tente d’influer sur le verdict, d’assurer sa victoire et ainsi d’obtenir l’interdiction du marquis.
Mais le juge est une personne intègre. Il n’est pas né de la dernière pluie et face à la marquise, il devine immédiatement la femme calculatrice et prête à tout pour s’enrichir davantage. Aussi est-il résolu à cre, à ne pas prendre pour argent comptant les allégations de l’influente marquise et à interroger le mari pour avoir la version de la partie adverse. Le « fou » s’explique. Il n’a évidemment rien de fou et la donation faite aux Jeanrenaud était destinée à réparer un préjudice subi par cette famille : en 1685, quand Louis XIV par l’édit de Fontainebleau révoque l’édit de Nantes, les protestants quittent massivement la , vendant, bradant leurs bien. Nombreux domaines, nombreuses fortunes sont même extorqués, confisqués, tout comme l’ont été les biens des juifs sous la domination nazie deux siècles et demi plus tard (l’histoire se répétant à l’infini). Une grande partie de la fortune de la famille d’Espard repose sur une telle spoliation que le marquis choisit maintenant de restituer.
L’opinion du juge Popinot est faite et il s’apprête à rendre son rapport au tribunal quand il apprend qu’il est dessaisi de l’affaire au profit d’un autre magistrat : l’ambitieux juge Camusot.
Un court roman très dense, extrêmement narratif et descriptif qui fouille dans le détail les personnages et leur situation respective. Un texte assez lent et émaillé de quelques longueurs.