Mon avis : Dans ce troisième tome d’A comme Association, nous retrouvons le personnage de Jasper. Ayant été mis à pied par l’Association suite aux évènements du premier tome, il est censé mener une vie tout à fait paisible pendant deux semaines. Mais lorsqu’il subodore qu’Ombe est en danger, il ne tarde pas à faire fi des recommandations de Walter, le dirigeant parisien de l’Association. Grâce à un sort de localisation, il se retrouve dans un hangar désaffecté où une bagarre semble avoir eu lieu. Il y fait la connaissance d’un troll répondant au nom d’Erglug Guppelnagemanglang üb Transgereï, un géant friand d’humour et philosophe de surcroît – sa référence étant un certain Hiéronymus. Ils vont se lier dans un but commun : détruire Siyah, un puissant magicien noir. S’ils y parviennent, non seulement Erglug retrouvera sa liberté, mais Ombe sera ainsi sauvée. Jasper va alors se rendre dans le repaire des trolls, un lieu insoupçonné situé sur l’Île-aux-Oiseaux, proche de la forêt de Vincennes.
Jasper reprend ici la narration le temps de ce troisième tome. Nous découvrons un jeune homme plus mature, davantage soucieux de bien faire, se retrouvant face à des choix qui porteront à conséquence : laisser ses amis en plan, et ainsi les décevoir, mais avoir un espoir de sauver Ombe ; se lier avec un troll, créature réputée dangereuse, pour battre un être encore plus malfaisant… Il voit ses capacités de mage se développer, et va devoir composer avec un comparse qui lui était inconnu quelques jours plus tôt. J’ai beaucoup aimé le personnage d’Erglug, qui est très travaillé. Un troll – donc un être plutôt violent – qui prend plaisir à philosopher et qui est doté d’une réelle culture. Cependant, le naturel n’est pas loin, car il n’hésite pas à menacer Jasper de faire usage de ses poings si celui-ci s’approche un peu trop d’Arglaë. Cette dernière est la jeune sœur d’Erglug, et elle a craqué pour notre Jasper. Elle est vraiment touchante – drôle d’adjectif pour décrire un troll n’est-ce pas ? Alors que celui-ci se pensait amoureux d’Ombe, il découvre, à sa grande surprise, qu’il n’est peut-être pas totalement insensible au charme de cette jeune créature de deux mètres de haut… Le duo formé par Jasper et Erglug m’a beaucoup plu, car une réelle amitié naît entre ces deux individus, et leurs différences s’effacent au fil des pages pour laisser place à une belle complicité.
Cependant, je dois reconnaître que ce troisième opus d’A comme Association m’a moins séduite que les deux précédents. En effet, il y a plusieurs chapitres qui se déroulent dans une espèce de château médiéval durant lesquels je me suis un peu ennuyée. L’intrigue, bien que présente, n’a pourtant pas réussi à me captiver. Par conséquent, même si je ais un bon moment à la lecture de ce roman fantastique, je dois reconnaître que je n’étais pas particulièrement impatiente de me replonger dans cet ouvrage lorsque je vaquais à d’autres occupations. Quant à Siyah, le « méchant » de l’histoire, j’aurais aimé qu’il soit davantage présent, car nous ne faisons finalement que l’entrapercevoir. Plus que le récit mis en scène dans ces quelque deux cents pages, c’est avant l’humour de l’auteur et les protagonistes nés de sa plume qui m’ont plu.
À recommander : Aux lecteurs de la série, car même si ce tome est un peu en dessous des deux premiers, il reste cependant de bonne facture. De plus, le personnage d’Erglug vaut le détour !
Une citation : « Je sais, j’ai l’air d’un cinglé. Je parle aux arbres. Je souris aux fleurs. Je caresse les pierres. Mais la folie est avant tout affaire de perspective. Personnellement, je trouve bien plus fou de croire que les arbres n’entendent pas. Que les fleurs n’aiment pas qu’on leur sourie. Que les pierres sont insensibles. » (p. 78-79)
Ma chronique : https://loasislivresque.com/2016/10/30/a-comme-association-tome-3-letoffe-fragile-du-monde-erik-lhomme/