J'ai eu un peu de mal à le démarrer, et à accrocher réellement avec la première partie du livre, surtout quand commence l'internement et qu'ils ne sont encore que peu d'aveugles. Finalement, j'ai été happée par l'originalité du récit et par la description d'une deshumanisation terrifiante ; fascinée de ce que si les aveugles parviennent au début à conserver les manières qui sont conformes à notre idée d'une société civilisée, ils glissent peu à peu vers le désordre barbare d'un chaos où règne la loi du plus fort, la violence, et où les êtres humains sont guidés par les pulsions animales les moins nobles qui soient, pulsions "crues" et livrées telles quelles, qui ne sont absolument pas enrobées par l'auteur.
Deux bémols, cependant : Je ne dis pas regretter le style choisi par l'auteur, de gros "blocs" sans ponctuation, car il créé l'originalité de l'ouvrage et donne un rythme intéressant au récit, colle parfaitement avec l'intrigue et ses développements. Cependant, parfois, cela le rend difficile à suivre, indigeste.
Et la chute est un peu "facile" selon moi. Si l'on comprend la "jolie" morale de l'histoire - oui, finalement, le message sous-jacent est joli, il veut nous faire réfléchir sur le regard porté par l'être humain sur lui-même et sur le monde qui l'entoure ; qu'est-ce que de "voir" ? - on aurait aimé une explication plus développée, peut-être scientifique, peut-être fantastique, sur le processus de cécité généralisée et de retour à la vue.
Mais certains sont moments sont réellement glaçants, nous pétrifient sur place, et font de ce livre un livre marquant qui ne laisse certainement pas indifférent !