L'Adjacent
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L'Adjacent

livre de Christopher Priest (2014)

Le principe d'incertitude du lecteur

Je crois que je suis toujours un peu dérouté par la SF qui s'appuie sur la mécanique quantique. Ce fut le cas pour Métaquine - contre indications, de Rouiller. C'est encore le cas ici : cette infinité de mondes parallèles qui coexistent et dans lesquels, sous certaines conditions, on peut basculer, je n'arrive pas à m'y faire. Et puis, c'est trop facile d'une certaine manière. La cause profonde de tout cela provient du fait que lorsque j'étais étudiant, je n'y pipais rien, à la mécanique quantique. J'ai jamais tué de chat, sauf celui de Schrödinger, et alors, y'a longtemps. Et, du coup, pour moi, la science-fiction devient simple fiction...


Ce petit préambule, rendu hargneux par une conscience aigüe de mes propres lacunes, étant achevé, je dois bien reconnaître que "L'adjacent" a des qualités certaines. Mais je l'ai de fait bien plus lu comme quatre nouvelles, dont certaines sont éclatées en plusieurs parties. La meilleure à mon gout étant sans aucun doute la nouvelle dystopique, située aux alentours de l'an 2040, et qui nous décrit les tribulations, à travers une Angleterre crépusculaire, d'un photographe qui vient de perdre sa femme en Turquie. Description saisissante d'un pays ultra-sécuritaire et dévasté par des phénomènes climatiques extrêmes, qu'on sent au bord de la rupture.


L'évocation des aviateurs anglais pendant la seconde guerre mondiale est plutôt réussie également, du moins pour qui n'est pas totalement hermétique à la RAF. Et la nouvelle qui se déroule durant la première guerre mondiale (décidément) vaut surtout par l'hommage qu'elle rend à H.G Wells. Quand à la dernière, située sur l'ile imaginaire de Prachous, elle est à mon avis un ton un peu en dessous, décrivant néanmoins une société aux mœurs curieuses. Une description dont la finalité ne m'est pas apparue clairement. De bonnes idées, mais en 75 pages, c'est trop court pour les exploiter pleinement...


Bien sur, ces quatre histoires sont tout de même liées, et cela plutôt habilement, puisqu'on y retrouve, sous des identités légèrement différentes, les principaux protagonistes, dont les trajectoires dans les quatre histoires présentent des similarités. Et il y a également des dénominateurs communs, l'aviation, la magie et la photographie (pour ce dernier, le fameux observateur de la mécanique quantique ?). Ainsi que la douleur de la perte ou du manque de l'être aimé, évidemment. Le tout se lit bien, l'écriture est fluide. Mais il manque tout de même, à mon avis, ce petit quelque chose qui tient le lecteur en haleine.

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le 20 nov. 2017

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Marcus31

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