Très classique dans sa forme, ce bouquin est écrit comme un thriller : style concis, phrases courtes, rythme haletant, beaucoup d'action. Tout cela favorisant une lecture rapide, d'autant que le lecteur est tenu en haleine par le scénario et avance rapidement pour connaitre la suite des événements et le dénouement. Crouch est d'ailleurs un auteur de polars et de romans d'horreur, même si on peut considérer celui-ci comme de la S.F. Très classique également, au sens étasunien du terme, dans la toile de fond qu'il déroule aux événements : la bonne petite famille américaine classe moyenne (mais au capital culturel élevé), la bonne vieille ville de Chicago (un peu crado, mais à laquelle le narrateur est attaché - un peu du style Lehane avec Boston), les matchs de base-ball (à moins que ce soit du football), les bars, les pizzas etc.
Ce qui est moins classique, c'est l'intrigue fort bien imaginée. A partir du principe d'incertitude d'Heisenberg (un gros facho, celui-là soit dit en ant), Crouch postule de l'existence de mondes parallèles qui se dupliquent à l'infini selon les probabilités de faire tel ou tel choix. Postulat qui est certainement douteux d'un point de vue scientifique, mais qu'importe. Du coup, le cerveau humain serait conçu pour ne pas percevoir ces mondes parallèles. Sauf qu'une drogue, découverte par l'un des personnages du bouquin, permet de lever cette restriction et de naviguer en quelque sorte entre ces mondes parallèles. Un peu tiré par les cheveux, me direz-vous...
Certainement, mais cela permet à un auteur de construire un scénario aux petits oignons. Avec un narrateur qui va se confronter à de nombreuses versions de lui-même, plus ou moins différentes selon le moment où se sont produites les bifurcations. Il faut reconnaitre que l'idée est excellente et que ça donne, couplé au savoir-faire de Crouch en écriture de thriller, un bouquin que j'ai littéralement dévoré.