Incontournable Mars 2025
Après la collection Unik, la maison Héritage jeunesse ouvre un nouvel axe avec Unik Graphik, une version qui a cette fois une contribution graphique au modèle Unik de base. On retrouvera donc les mêmes fioritures de formes dans les lignes et les polices, avec en fond des graphiques au style minimaliste et géométrique coloré sobrement. Comme les Unik de base, les Unik Graphik propose des thèmes sensibles, qui sollicite la réflexion et l'empathie. Dans ce troisième membre de la collection, on aborde le sujet du rejet social combiné à l'intimidation.
Un jeune homme nous parle de ces "coeurs de pierre", ces individus qui se moque et le harcèle de toute sorte de façons. Il croit subir ces brimades en raison de sa grande taille, mais sous les yeux, il se sent plus que petit. Il se réconforte comme il peut avec sa musique et en se convainquant qu'il ne tombera pas à leur niveau en jouant leur jeu. Ces insensibles se régalent quand il pleure, ils trouvent toute sorte d'occasions pour l'humilier. Quand il se lassent de lui, leurs mots fléchés et leurs gestes destructeurs s'orientent vers d'autres victimes, d'autres "différences". Mais ces même ados différents ne tiennent pas à faire front commun, car la peur d'être associé à une personne rejetée socialement est là. Notre narrateur est donc seul. En attendant, il ronge sa patience, il se réfugie dans ses rêves et sa musique, en se disant qu'un jour, il grandira, il sera ailleurs. Il espère alors avoir la force de pardonner les sans coeurs pour le mal qu'il ont fait. Mais surtout, d'avoir la force de les dénoncer.
J'ai souvent critiqué les livres sur ce sujet, car l'intimidation est un sujet encore d'actualité, sinon plus que jamais. le problème que je croise souvent est que la faute repose trop souvent sur l'intimidé lui-même, arguant qu'il ne se montre pas assez affirmé, qu'il devrait dénoncer ou encore que s'il ne se plaint pas, ce n'est peut-être pas su grave. Cette banalisation de la violence psychologique qu'est l'intimidation cause des soufs réelles dans les écoles, car les enfants intimidés ne pas prit au sérieux.
Ici, ce que je vois surtout, c'est un jeune isolé. Il ne sera donc pas question d'aide ou de , mais bien d'un adolescent qui se sent seul. On s'attarde plus à ses émotions qu'aux solutions. C'est le genre de livre qui cherche à interpeller les lecteurs en jouant sur leur fibre empathique ( s'il en ont). Les mots et les gestes d'intimidation détruisent l'estime de soi, il mine la confiance en soi et interfère avec les relations sociales, coupant les liens avec les autres par le rejet. La souf est donc interne et ne se voit pas ( sauf dans les changement de comportements). C'est l'invisibilité de cette violence qui la rend difficile à traiter, il faut donc la faire comprendre aux différents acteurs sociaux par la prévention et l'éducation. Surtout, elle demande de la vigilance et une bonne dose de courage de la part des adultes et des enfants, pour ne pas tolérer les violences dans les écoles, même s'il elle ne sont pas physiques. On condamne facilement les coups et les gestes agressifs, mais on banalise terriblement les mots, les comportements de rejet, l'ignorance intentionnelle et les menaces voilées. Il est grand temps que ça change.
Bref! Unik se duplique pour offrir une nouvelle mouture plus visuelle de ses romans poétiques à ses lecteurs. Une façon intéressante de promouvoir la lecture, avec un format beaucoup moins lourd que le roman, plus précis grâce à ses figures style et ses phrases poétiques courtes, avec une autre narration à travers le graphisme. Les petits livres n'ont pas à rougir de leur taille quand ils sont bien faits et pertinents, comme le sont les petits Unik.
Pour un lectorat adolescent du premier cycle secondaire, 12-15 ans+