Après sa trilogie du Mississippi, Greg Iles nous replonge dans la moiteur du Sud, non plus à Natchez, mais dans la mal nommée Bienville où le meurtre sauvage d'un archéologue déchaînent les antagonismes, mettant à jour la cupidité des notables locaux et les rivalités entre clans et familles.
Roman noir vertigineux et aussi tumultueux que le Mississpipi qui emporte le corps des imprudents, dans un Sud qui ne s’est jamais remis de sa défaite contre le Nord et qui reste ancré dans un é révolu. Un Sud qui est le symbole de l’Amérique de Trump avec la corruption et l’intérêt économique comme seules valeurs. L’auteur fera dire à l’un de ses personnages : « La corruption fait partie du capitalisme. C’est un effet secondaire du système. Un lubrifiant nécessaire pour que la machine fonctionne. Parce que la force motrice du capitalisme c’est la cupidité. C’est le système le plus pragmatique qui soit » Et si pour faire de l’argent il faut « vendre » aux Chinois un siège au Sénat ou tuer, il ne faut pas hésiter !
Un Sud où quelques nantis, réunis au sein du très exclusif Poker Club sont prêts à tout pour ne rien céder de leur pouvoir et continuer à régner comme des nababs sur leur ville.
Greg Iles fait preuve, une fois encore, d’une redoutable efficacité de conteur avec son sens de la mise scène et de ses rebondissements. Ses personnages ont une réelle épaisseur dramatique que l’on trouve rarement dans ce genre de littérature et les dialogues sont d’une justesse et d’une intelligence encore plus singulière. On est entraîné par lui dans sa frénésie littéraire aussi puissante que le grand fleuve du Sud et quand après nous avoir ballottés et secoués en tous sens il nous abandonne étourdis et épuisés sur le rivage, c’est au pied de la Cemetery Road, cette route qui va du cimetière au fleuve. La route avec la vie à un bout et la mort à l’autre. Cette route qu’un père et un fils ont tous deux empruntée à un moment de leur vie.