Jeune étudiante, Emmanuelle Lambert se voit proposer un stage dans ce qui allait devenir l’IMEC (Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine, basé aujourd’hui à Caen) et qui n’était alors que l’Institut, « petite association tapie au fond d’une cour ». Là, dans une cave poussiéreuse, elle photocopie, trie et organise des archives, découvrant un monde parisien et littéraire qui lui est inconnu. Deux années plus tard, tandis qu’elle travaille sur sa thèse, l’Institut la rappelle : vient d’arriver le « fonds Robbe-Grillet ». Est-ce qu’elle accepterait de venir y jeter un coup d’oeil ? Elle n’a pas lu le « Pape du nouveau roman ». Ce n’est pas une raison : personne ne lit Robbe-Grillet. On survole vite fait « Pour un nouveau roman » afin de placer deux trois citations dans une dissert’. Basta. Mais travailler avec un tel écrivain, ça ne se refuse pas … S’ensuit un travail colossal : exploration des dossiers de presse puis organisation d’une expo sur ses voyages. Il faut rencontrer l’homme : prendre le train normand gare St Lazare dès potron-minet (lisez la géniale description du train Corail p 87), puis, direction Le Château où l’attendent Monsieur et Madame… Peut-être lit-on là les pages les plus savoureuses du roman à travers le portrait de ce couple (dont la femme dira de l’autrice « Vous êtes très normale, tout de même », peut-être déçue de ne pas rencontrer une future recrue pour ses séances SM!) J’aurais aimé que le texte s’attarde davantage sur ce couple hors normes, assumant franchement une grande liberté littéraire et sexuelle. Ils captent toute l’attention du lecteur, faisant er au second plan la partie « roman d’apprentissage » qui aurait pu faire l’objet d’un autre livre peut-être...
Car c’est aussi toute une époque dont il est question : les années 90, avant MeToo, où il fallait plaire, céder et se taire.
Un regard féministe, fin et drôle qui, malgré les quelques réserves évoquées plus haut, m’a beaucoup plu.
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