Vous préférez avec ou sans chefs ?

Un bouquin d'histoire qui relate - de façon très factuelle et en s'appuyant sur de nombreux textes de l'époque - un soulèvement populaire qui eut lieu dans les Asturies (côte Atlantique de l'Espagne) en octobre 1934, consécutivement à l'arrivée au pouvoir d'une coalition d'extrême-droite à Madrid. Et dont il ressort que la mayonnaise n'a pris que dans les Asturies, en dépit d'un appel national à la grève révolutionnaire. La prose de l'auteur, qui est asturien et politiquement engagé, s'inscrit dans la plus pure tradition des écrits marxistes-léninistes, tels qu'on pouvait encore en lire à la fin du siècle dernier, mais qui tend à s'estomper avec l'avènement généralisé du néo-fascisme dans le monde.

Même si l'auteur est de parti-pris, ce qu'il assume dans sa préface, l'ouvrage n'en n'est pas moins intéressant à plus d'un titre. D'abord parce qu'il dessine les prémisses de ce que sera la guerre civile espagnole, déclenchée quant à elle par les forces réactionnaires suite à l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement de centre gauche. Guerre civile qui ne viendra pas de nulle part et dont le ferment est parfaitement exposé dans ce bouquin, qui décrit un climat social explosif, au propre comme au figuré. On est loin du dialogue social aseptisé d''aujourd'hui et les contentieux, entre un prolétariat très politisé et un patronat qui manie aussi bien le sabre que le goupillon, se règlent à coups de dynamite et de fusillade.

Le sous-titre du bouquin - une révolution sans chefs - ouvre également vers une analyse intéressante. J'avais tout d'abord imaginé qu'il s'agissait de mettre en avant de façon positive le côté spontané du soulèvement. Ce qui est d'une certaine manière le cas, mais le côté négatif n'en n'est pas occulté pour autant : la désorganisation complète des insurgés entrainera leur inéluctable défaite au bout de deux semaines. Ainsi, on peut voir le côté "sans chefs" comme ayant du bon, mais également comme un facteur d'échec. De fait, ce que l'auteur cherche à mettre en évidence, c'est que les chefs, ici dépeints comme des bureaucrates, ont trahi la cause qu'ils étaient censés défendre, quittant le navire au bout d'une semaine, sans oublier d'emporter la caisse (les révolutionnaires avaient saisi de l'or et des devises). Pas sûr à cet égard que les choses aient véritablement changé dans le fond un siècle plus tard, même si la forme a évolué...

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le 29 mars 2025

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Marcus31

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