Retour de lecture sur “Am Stram Gram”, un premier roman policier, publié en 2014, de l’écrivain M.J.Arlidge, qui est également scénariste et producteur pour la télévision britannique. Ce roman, qui a eu un gros succès auprès du public, est le premier d’une série de onze autres livres ayant pour enquêtrice Helen Grace. Derrière ce titre enfantin, se cache en fait un polar assez sordide avec une intrigue bien tordue.
Dans cette histoire des personnes sont enlevées deux par deux par un mystérieux tueur en série qui semble être une femme. Ces personnes sont enfermées dans un endroit dont il est impossible de s’échapper : piscine très profonde sans échelle et avec murs glissants, container métallique ou appartement totalement calfeutré. Posés au sol un pistolet, avec une seule balle, et un téléphone à la batterie presque déchargée, qui sonnera juste une fois, pour préciser que celui qui tuera l’autre sera libéré immédiatement. Seront ainsi enlevés un jeune couple d’amoureux, deux collègues de travail, une mère et sa fille, des partenaires de danse. On suit cette enquête à travers l’inspecteur Helen Grace, au comportement bizarre et au é relativement trouble, et on essaye de comprendre quel est le lien entre ces différentes victimes et ce qui peut motiver un psychopathe à procéder de cette manière.
A part quelques énormités qui peuvent er pour une faute professionnelle venant d’un auteur de polar, comme par exemple des victimes qui survivent quinze jours sans boire, le scénario et l’intrigue tiennent dans leurs grandes lignes à peu près la route. Si on a choisi cette lecture pour avant tout se distraire, ce qui fut ma première motivation, ce roman remplit sa mission. Cela se lit très facilement grâce à une pagination très aérée et même si le schéma est un peu redondant, avec ces enlèvements par deux, l'histoire est plutôt prenante, il y a du suspens et la fin est plutôt intéressante et surprenante. La structure du roman est également assez intéressante pour un polar, on a des chapitres très courts avec une narration alternée, ce qui permet d’avoir du rythme et permet à l’auteur d’entretenir le suspens. On peut clairement qualifier ce roman de page-turner.
Cela étant dit, on est quand même sur un livre qui est d’une grande pauvreté d’un point de vue littéraire. La quatrième de couverture fait référence à Patricia Highsmith, c’est ce qui m’a un peu attiré vers cette lecture. Il faut malheureusement constater que sauf pour l’intrigue, ce livre est tout de même à des années lumières de ce que cette auteure a écrit. L’écriture n’est pas du tout du même niveau et surtout la psychologie des personnages, qui est un des points forts de Highsmith, est traitée de manière beaucoup trop simpliste, sans aucune subtilité. Le personnage principal Helen Grace, est particulièrement caricatural avec sa moto et ses penchants masochistes qui lui donnent une image dure et virile alors qu’elle est en fait très fragile. On a donc un tueur en série traqué par une policière, mal dans sa peau et déprimé, ce n’est pas vraiment ce qu’il y a de plus original.
L'écriture est globalement de piètre qualité, voire quelquefois assez désastreuse, on peut tomber sur des phrases comme : “Hélène n’ayant jamais été du genre à enculer les mouches, elle opta pour une attaque frontale”. C’est un livre qu’on peut qualifier de pur-polar à réserver aux amateurs du genre pour lesquels l’intérêt se limite à la trame policière et qui sont peu regardant sur l’écriture.
C’est donc pour conclure une lecture pour moi sans grand intérêt, loin du niveau de ce que l’on peut trouver chez d’autres, comme Lehane par exemple, et loin d’être suffisamment convaincant pour que je puisse envisager de lire un jour le tome 2 de la série.
__________________________________
"Sam dort. Je pourrais le tuer là, maintenant. Son visage n'est pas tourné vers moi : ce ne serait pas difficile. Se réveillerait-il si je bougeais ? Essaierait-il de m’arrêter ? ou serait-il simplement soulagé que ce cauchemar finisse ?
Je ne peux pas penser des choses pareilles. Il faut que j'essaie de me rappeler ce qui est vrai, ce qui est bon. Mais quand on est prisonnier, les jours paraissent sans fin et l'espoir est le premier à mourir. Je me creuse la tête en quête de souvenirs joyeux susceptibles de repousser les idées noires : ils sont de plus en plus durs à convoquer."