Adolphe est un jeune homme de 22 ans lorsque le lecteur de ce très court roman fait sa connaissance. Brillant, riche et favorisé par la nature, notre protagoniste n'a pourtant pas grand chose de sympathique . Promis à un bel avenir, il se laisse vivre en méprisant ses congénères. L'œuvre est présentée comme une confession, un récit à la première personne narrant une période de transition dans la vie de son héros. Cette focalisation laisse à penser à une chronique autobiographique. Sûr de sa réussite, Adolphe se lance un défi avant de redre les affaires de son père : séduire une femme et la faire tomber amoureuse. Le hasard place sur sa route la belle Ellinore, aristocrate polonaise déchue, maîtresse du conte de P*** dont elle a sauvé la réputation et la fortune. Figure magnifique de la ion amoureuse, sa fidélité est sa force. Douce, tendre, raisonnable et posée, elle subit une évolution sidérante au cours du récit. De dix ans plus âgée, elle résiste aux insistance de l'ami de M. de P***.
Motivé par l'enjeu personnel, il finit par gagner Ellinore. Défi, caprice, désoeuvrement...
Face aux conséquences, ce jeune homme fervent défenseur de sa liberté s'entête à ne pas entendre les conseils les plus avisés et entraîne la dame dans une relation destructrice. La lâcheté du jeune homme les plonge dans une ime. Il se trouve incapable de prendre la moindre décision. Face à l'amour de sa compagne, il est incapable de dire ce qu'il ressent vraiment et la couvre de fausses promesses. A la fois lucide et fataliste, il reporte, repousse les paroles libératrices et transformer sa douce et fidèle maîtresse en une femme impérieuse et exigeante. Son manque de courage les enterre tous les deux dans une relation toxique. Il culpabilise d'avoir aigri la femme qui l'aime . L'inconséquence d'Adolphe est ainsi responsable du malheur de sa compagne, des enfants qu'elle a eus, de son père, de son ami...
Il croît agir pour le mieux pour elle, ne pas la faire souffrir mais son immobilisme, son absence de réaction, son refus de prendre une décision sera la cause de tout son malheur. Il ne s'attend pas à ce que la vie prenne les décisions pour lui et à sa place. Il croît garder le contrôle et sa précieuse liberté mais il se perd définitivement. Affectivement, socialement, il e à côté de son destin.
Dans son seul et unique ouvrage, Benjamin Constant, pose au lecteur la question de la responsabilité amoureuse. Ces interrogations sans réponse font d'Adolphe et Ellinore, non des héros romantiques mais bel et bien classiquees raciniens