Pas mal non ? C'est français !

Une fois Le Seigneur des Anneaux, Le Monde de Narnia, et les autres ouvrages de littérature de jeunesse dans le domaine de la Fantasy - à la série de l'Héritage ou Les Chevaliers d’Émeraude (je schématise, il va sans dire !) - lus, vers quoi se tourner sinon en replongeant dans les créations plus anciennes, généralement estampillées du célèbre logo rouge de la maison d'édition J'ai Lu. G.R.R. Martin, Robin Hobb, Marion Bradley Zimmer... et parmi eux : Ange, pseudonyme du couple d'auteurs français Anne et Gérard Guéro qui m'ont fait découvrir, au milieu de mes Piles À Lire sans fin, leur série Les Trois Lunes de Tanjor.

Et il est vrai que lorsque l'on est habitué à lire des œuvres de Fantasy plutôt anglophones ou américaines - parce que les auteurs les plus reconnus sont par là-bas - le plaisir et la surprise sont au rendez-vous. Fallait-il qu'une preuve vienne à moi pour me montrer que la avait de quoi rivaliser avec les grands noms du domaine ? (même si, en soi, nous n'avons pas à prouver notre prouesse au sein de ce genre littéraire !)

Mais du coup ? La curiosité de ce premier titre a-t-il su faire germer le plaisir de la découverte d'un nouvel univers de Fantasy ainsi que le divertissement que j'attends à chaque fois que je me plonge dans ces univers ? Mais la réponse est, bien évidemment, OUI !


Le Peuple turquoise, premier tome de la trilogie Les Trois Lunes de Tanjor, nous conte les aventures d'Arekh, galérien sauvé de justesse de la mort pour Marikani et sa suivante Liénor, se retrouvant à devoir protéger Marikani qui se révèle être une personne de haut rang, appelée à gouverner Harabec.

Pas plus de spoil, comme à mon habitude.


Et ça fait vraiment plaisir de se retrouver plonger dans une nouvelle aventure de la sorte ! Avec des premières pages qui peuvent être assez compliquées à suivre puisque l'on prend le train à pleine vapeur ; des débuts de lecture que l'on peut retrouver avec des auteurs comme J.R.R. Tolkien ou Glen Cook. Mais é l'entrée en matière, force est de constater que l'on est happé par l'aventure contée où l'on suit des personnages qui, très clairement, n'en ont absolument rien à faire d'être des héros : vivre, et si possible le plus longtemps possible, voilà ce que l'on vise ! Alors, si on pouvait éviter les aventures et se séparer le plus vite possible, parce qu'entre Arekh condamné aux galères pour ses exactions ées et Marikani qui parcourt le monde avec à ses trousses des milices plus sympathiques les unes que les autres, autant dire que le repos est vraiment une option de grand seigneur. Et c'est notamment le personnage de Marikani qui va apporter toute la spécificité du roman : tous les jeux de pouvoirs et la politique des différentes provinces. Nous allons être bombardés d'éléments qui semblent d'importances capitales, d'alliances qui se nouent et dénouent... et de ce fait, le lecteur en vient à très rapidement s'attacher à Arekh qui, loin d'être un homme stupide et ignorant de la complexité du monde dans lequel il vit, se retrouve très rapidement submergé, devant faire part à des décisions là où son avis ne semble pas compter plus que ça. Et les décisions s'enchainent vite et bien : on vit véritablement avec nos protagonistes, avec la peur du danger imminent, où chaque proposition, chaque idée est cruciale. De ce fait, la lecture - une fois lancée - se fait toute seule et l'on est entrainé dans l'histoire avec une certaine aisance ; même si l'aspect politique - qui est cependant moins prononcé que dans d'autres œuvres que j'ai pu découvrir (à l'instar de la série Le Porteur de lumière de Brent Weeks) - peut rapidement rebuter les lecteurs les moins acharnés.

Que ce soit en terme de narration, de description de lieux, de l'interaction entre les différents protagonistes, de la question religieuse... tous les aspects présentés par les auteurs pour leur roman participent à notre divertissement et font de notre lecture une activité agréable.


Pour ce qui est des personnages, en commençant par Arekh, il est à noter - qu'à titre purement personnel - ce personnage m'a énormément rappelé quelques protagonistes de la série littéraire Les Annales de la Compagnie noire de Glen Cook, notamment dans sa manière de questionner le rapport entre divinités et mortels qui les louent. Élément qui m'a fait très rapidement adhérer au protagoniste : il a toujours cette forme de pessimisme vis-à-vis de la question, à observer l'absurdité du monde, des Hommes et à réinterroger sans arrêt le pouvoir et l'amusement malsain des dieux face à ce qu'il peut observer. Et le fait d'avoir pour protagoniste principal une personne éloignée des stéréotypes des figures héroïques, dans le sens où notre bon vieux Arekh est considérer comme un brigand, au mieux un mercenaire, apporte vraiment une vision neuve à la moralité des héros - et bien entendu, je sais très bien que la plupart des héros d’œuvres de Fantasy rejoignent cette construction... Et couplé au fait qu'il n'est pas forcément le plus cultivé des hommes (il n'est pas bête comme j'ai pu le dire précédemment, mais force est de constater qu'il ne brille pas par une intelligence prononcée) ajoute à cette facilité de reconnaissance que le lecteur peut avoir avec lui : il essaye de comprendre, d'échafauder des plans, les retravaille, échoue, cherche à mieux comprendre... ; attitude bien éloignée des particularités des autres figures héroïques.

À la suite de ça, nous avons Marikani, qui est l'opposé d'Arekh en de nombreux points : elle a la connaissance des hautes castes, une certaine intelligence politique et stratégique, possède un important if avec la religion (bien que cela soit une forme de stratégie ; ce qui rend le personnage intéressant)... Car c'est un but non négligeable de notre protagoniste : arriver à ses fins, par tous les moyens possibles (en préférant ceux qui lui seront profitables, sans forcément faire effusion de sang) et qui souligne encore plus la scission qui existe entre ces deux personnages. Nous avons deux fragments de miroir opposés qui doivent s'allier pour arriver à leurs fins. Et là où Arekh n'a pas peur d'être froid, presque sans cœur face aux événements tragiques de l'existence, Marikani laisse peut-être trop parler ces émotions, ce qui engrange des situations complexes, et pas forcément prévus par Arekh.

De ce qui nous est montré dans ce premier tome entre ces deux personnages, la liaison fait mouche avec facilité !

Concernant les protagonistes plus secondaires, ils sont secondaires, mais pas forcément dénués de charmes ou d'intérêts si ce n'est que c'est assez inégal...


Le Peuple turquoise est un excellente entrée en matière dans cette trilogie qu'est Les Trois Lunes de Tanjor en promettant un divertissement à la hauteur des attentes. Le roman propose de nombreux éléments qui dénotent un peu des attentes habituelles en terme de créations de Fantasy : l'absence totale de magie (ce qui n'est pas rien dans ce domaine-ci), un protagoniste qui tente de se détacher de toutes aventures possibles, l'aspect peut-être plus réaliste de ces genres d'aventure (de quoi être quelque peu paradoxal !)... et cela participe à l'appréciation que l'on peut avoir durant notre lecture.

De ce fait, je ne peux que le recommander, en espérant garder une ligne narrative identique pour les prochains tomes, afin d'avoir ce petit plus qui semble si bien lui aller.

Et n'oubliez pas : la Fantasy nous appartient !

8
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Créée

le 16 mai 2025

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PhenixduXib

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