Si tu pensais que les nouvelles étaient des shots narratifs percutants, La Nuit sans fin de Thierry Horguelin va te rappeler que parfois, elles sont aussi des brumes dans lesquelles on se perd. Sept récits, sept atmosphères différentes, mais une constante : une étrange sensation d’errance, entre réalisme flottant et absurde feutré.
Horguelin manie le mystère avec finesse, chaque histoire ayant ce petit goût de rêve inachevé, de puzzle où il manque toujours une pièce. Ça oscille entre Kafka et Borges, avec une pointe de minimalisme froid. Des personnages qui cherchent quelque chose sans jamais vraiment le trouver, des lieux qui tournent en boucle, des situations qui glissent imperceptiblement vers l’étrange. C’est subtil, bien écrit, mais parfois un peu trop éthéré.
Et c’est là le paradoxe du recueil : on est intrigué, mais jamais totalement accroché. Chaque nouvelle commence avec un vrai potentiel, un détail qui titille la curiosité… et puis on sort du texte avec plus de questions que d’émotions. L’atmosphère est là, mais le frisson manque parfois, le coup de poing final aussi.
Alors oui, il y a du style, une vraie maîtrise du non-dit, une ambiance qui s’infiltre lentement, mais le recueil souffre d’un léger effet de dilution. À force d’installer des mystères sans réponses, de jouer avec l’impalpable, on sort de là avec une impression de flottement, pas forcément désagréable, mais pas non plus inoubliable.
Bref, La Nuit sans fin, c’est du mystère à l’état pur, un recueil qui te happe doucement sans jamais totalement te capturer. Une belle plume, des idées intrigantes, mais une impression de rester un peu en dehors, comme un rêve dont on n’arrive jamais à saisir la fin.