L'essai d'Elisabeth Badinter, ma référence absolue en matière de féminisme contemporain, paru en 1986, étudie avec un œil d'anthropologue un peu à la manière d'un Harari l'évolution des rapports hommes/femmes à travers les âges : le age à la bipédie, la sédentarisation, la distribution sexuée des rôles chasseur/cueilleuse, la naissance de l'art et la représentation de la femme. Tantôt complémentaires, tantôt rivaux, leurs relations sont mâtinées de violence et de domination/oppression de l'un sur l'autre, jusqu'à la ressemblance contemporaine des sexes, qui annonce une véritable mutation dans les rapports de couple.
Dans un 2e temps, la philosophe retrace également l'émancipation civique des femmes dans le monde à travers le droit à la contraception et le droit de vote et remarque que les pays latins et catholiques ont plus longtemps rechigné que les autres (anglo-saxons et protestants, nordiques) à les leur accorder...
Elle analyse enfin les enjeux contemporains (encore d'actualité, même 35 ans après l'écriture de ce livre) qui se posent au couple moderne qui n'est pas obligé de se marier ni de faire des enfants, dont les deux membres travaillent également, et qui ne rencontre aucun obstacle à la satisfaction de son désir et donc meurt aussitôt formé... Un amour auquel on demande tout, et trop. ionnant.