En 80 heures car la feature majeure de Trails c'est que c'est Talk To Everyone : The Video Game.
Tout le sel de la série vient de la quantité de petites historiettes complètement facultatives mais qui donnent vie à ce monde et ne sont visibles qu'en écoutant ce que chaque PNJ a à dire, car chacun d'entre eux a ses répliques à lui, qui changent à chaque avancée de la main quest. Parfois cela vous donnera même quelques quêtes secondaires cachées.
Techniquement le jeu est bien construit, avec des décors en 3D agréables, divers et très détaillés, sur lesquels se meuvent d'adorables sprites 2D. La musique est fort correcte sans atteindre les meilleures BO des gros studios japonais de la décennie 2000. L'aventure est longue et solidement charpentée.
Le système de combat est chouette sur le papier (tour par tour sur grille, système de magies très customisable) mais j'ai préféré jouer en facile. Si dans la première partie, cela correspond à un mode "pas dur", dans la seconde ça devient carrément "aucune difficulté" sauf un peu les ultimes boss (j'ai dû faire les trois essais pour buter
Loewe
). Toutefois cela ne dispense pas de devoir farmer sur les monstres les fragments qui permettent d'acheter les meilleures magies.
J'ai trouvé amusant le fait que le jeu commence en mode quasi medfan, vire très vite au steampunk en dévoilant son monde et finisse presque par tourner full SF vers la fin - sans doute parce que je préfère la SF.
Les personnages sont très, très archétypaux, souvent de vrais clichés sur pattes, et pourtant ils sont globalement assez réussis, vivants et attachants. Bien sûr on pourrait parler d'Estelle Bright, la protagoniste, mais le jugement est biaisé par sa traduction anglaise qui prend des libertés sur le texte original.
Le gros problème que j'ai avec ce jeu, c'est l'histoire principale. J'ai souvent eu l'impression qu'on était en pleine japoniaiserie. En fait, pendant la majeure partie de l'aventure, cela manque cruellement d'enjeux, de tension, de dramaturgie. La première partie était aisément pardonnable car elle consiste - littéralement - à découvrir le monde, mais la seconde partie se déroule à 95% dans la même map (Falcom a été forcé de couper en deux ce qui devait être un unique grand jeu) et n'a pas cette excuse: on s'attend à ce qu'il se e des choses. Or déjà dans la première partie, c'est la règle du zéro mort et quasiment zéro blessé (une éraflure, demain matin je suis en pleine forme), en dépit du nombre de combats qu'on livre et des événements... on assiste quand même à
un coup d'Etat militaire...
Dans la seconde partie, c'est pire. Après
la disparition de Joshua
, on s'attend à partir à sa recherche, sauf que pas du tout: des dangers terribles surgissent, tels que... un spectacle son et lumière... une petite brume matinale... des boîtes de conserve qui tombent par terre... bref, on peine sévèrement à prendre la mesure de la menace. Il y aura UN moment vraiment sombre, mais là encore, comme presque tout le drama du jeu, c'est tenu largement à distance par la narration. Ce n'est qu'à partir du chapitre 6 que l'histoire décolle enfin, bien bien tard...
Du coup, ceux qui m'objectent que "oui, mais non, le sujet c'est le coming of age de Estelle et Joshua, leur histoire à eux..." bah non. Ils ont une poignée de scènes. L'essentiel du jeu est concentré sur
le complot des méchants,
lequel n'est vraiment... pas ionnant pour un sou. Tous les clichés ne sont pas bons à prendre, et le coup de
la société secrète...
bof, bof, bof. Quelle coïncidence extraordinaire d'ailleurs n'est-ce pas, que
presque tous les membres du complot aient un lien très étroit avec les héros alors qu'on n'avait aucun rapport avec ça à la base...
Et si en toute fin, vous me répondez que "bah c'est du shonen mais avec une fille" ben ça prouve juste ce que je savais déjà... j'aime pas le shonen et j'ai jamais aimé. Enfant j'étais le seul gars de ma génération à ne pas aimer Dragon Ball.
Bref il me reste l'épilogue à faire pour me donner le temps de réfléchir à si je continue ou pas, ou si le reste de la série est autant au raz des pâquerettes, car là ce n'est même pas de la fiction pour ados, c'est juste interdit aux plus de 12 ans.
C'est ça qui m'a déçu, en fait: d'un jeu japonais sorti sur PC, machine de niche plutôt adulte, j'attendais plus d'audace sur le fond, et c'est finalement beaucoup trop lisse.