Retour à Cyrodiil presque 20 ans après.
L’original était loin de m’avoir laissé un souvenir impérissable et j’imaginais (à tort), avec le recul, ce remaster révéler les lacunes profondes du jeu. Même pas : l’accueil atteste le retour du Messie. Je ne comprends pas.
Enfin en partie : moi aussi je me suis retrouvé à tromper mon ennui en observant celui des PNJ qui peuplent l’univers à la fois trop plein et très vide d’Oblivion.
La partie technique m’a rappelé aux bons souvenirs du jeu d’origine, par la magie réunie de l’Unreal Engine 5 et d’une configuration certes modeste (5600G + RX6600) : framerate poussif (comme à l’époque !) et stuttering à gogo. En mettant les mains dans le cambouis j’arrive quand même à un 40 fps en extérieurs et 60+ en intérieurs, en détail moyens mais en pleine résolution (parce que le flou de l’upscale c'est hors de question pour moi).
C’est loin d’être à niveau graphiquement mais le résultat n’est pas vilain (j’ai poussé jusqu’au slideshow en ultra pour apprécier le résultat), mélange acceptable d’éléments convaincants et d’autres clairement datés.
C’est nettement moins buggé qu’à l’époque mais sur ma configuration actuelle c’est le seul jeu (enfin presque : l’autre c’était Starfield...) qui me fait des retours bureau lors des changements de zones. Par ailleurs il ne trouve pas son master file au lancement une fois sur trois (je précise jouer sans mods) et propose encore son lot de quêtes scriptées de manière hasardeuse. Je suis resté bloqué sur la toute fin de l’arc de la guilde des voleurs avec Springheel Jack qui s’est barré et a disparu au lieu de m’attaquer.
Curieusement il a surgi de nulle part une bonne dizaine d’heures de jeu plus tard pour l’agresser alors que je faisais er le temps dans une zone de la capitale... Ce qui est probablement le truc le plus amusant qui me soit arrivé de toute l’aventure.
Pour le reste je ne vais pas trop m’étendre : on retrouve cette dilution totale du jeu de rôle dans la multiplication générique du contenu. La carte est remplie de lieux jusqu’à l’absurde mais aucun ne paraît cohérent ou crédible : on découvre chaque fois un donjon vide, agencé sans logique (personnellement j’adore les feux de camp qui brûlent dans des lieux vides ou ces coffres dont personne n’a jamais la clef), qui ne raconte aucune histoire.
Les PNJ n’ont rien à dire, dénués de personnalité, ils errent de manière erratique dans un simulacre de vie dans le meilleur des cas. Les dialogues sont réduits à la portion congrue et la plupart des quêtes n’offrent aucune alternative en dehors d’un scriptage linéaire et limité.
Comment se sentir quelqu’un et s’efforcer d’exister dans un univers qui ne fait rien pour exister. Même la partie la plus ‘écrite’ (Shivering Isles) fait pâle figure, même si elle améliore sensiblement la donne, avec un Sheogorath qui paraît moins fou qu’atteint d’Alzheimer.
Les quêtes sont globalement sans inspiration et la trame principale absolument indigente, jusqu'à la répétition absurde des portails à refermer et le soulagement d'en avoir enfin terminé.
C’est plus joli mais ça reste Oblivion dans son jus (jusqu’au système pourri de crochetage ou de dialogue et à l'IA tragiquement absente) et, moins que la nostalgie, c’est une forme de pitié que le jeu suscite chez moi. Mais c'est une expérience reposante : on peut jouer sans mobiliser son cerveau et le temps file sans qu'on s'en rende compte. Parfait pour tromper l'ennui et se vider la tête.