Le Meilleur Mauvais Jeu de sa Génération.
L'acte créateur se résume parfois à nommer. Tels des parents occupés à chercher le qualificatif parfait pour la progéniture qui va perpétuer le nom de leur famille. Ou l'artiste qui après avoir é des mois à travailler tel un esclave sur sa nouvelle œuvre finit par la résumer par son étiquette. Le titre importe. Il définit les limites plausibles de l'acte concerné. Donne un goût immédiat de ce qu'il définit tout en offrant aux autres la possibilité de le découvrir par le pouvoir de leur compréhension. En somme, si ce jeu s'appelle Ride to Hell : Retribution, c'est tout à fait normal.
Vous incarnez Jake - sosie officiel du protagoniste de Brütal Legend - un biker né d'un père inconnu et d'une mère peu regardante. Après votre retour impromptu de l'armée, vous constatez que la petite ville dont vous êtes originaire à été envahie par un groupe de méchants méchants pas très commodes du tout. Petit à petit, alors que vous renouez avec votre frère Mikey et votre mentor Mack; vous vous rendez compte qu'un terrible détour narratif va vous prendre par la main afin de vous inviter à danser. Soudain votre petit frère, pourtant fort bien intégré dans le monde moderne, est égorgé par un groupe de mystérieux métrosexuels qui prétendent connaître votre père. Brisé, battu, dépourvu du frérot que le seigneur vous avait calé dans les pattes afin de vous faire la leçon; vous devrez participer à l'un des pires jeux de l'histoire moderne afin de venger l'âme de Mikey.
Dire de ce jeu qu'il est mauvais ne saurait être correct que dans le cas d'une litote. Car, et c'est dur à dire, c'est bien là le meilleur jeu merdique auquel j'ai eu le plaisir de jouer ces dix dernières années. L'on tient là un champion de sa catégorie. Aussi atroce en termes de gameplay que la plupart des horreurs venues du début des années deux-mille. Aussi mauvais dans le scénario qu'un épisode du Rebelle de Lorenzo Lamas : c'est ici le sommet d'un art disparu que l'on voit à nouveau émerger. Entre les graphismes hideux, mais pourtant modiques et modernes, produits par un Unreal Engine 3.0 rarement aussi mal maîtrisé en ant par la structure même utilisée pour livrer dans vos visages les mécanismes de gameplay dont le titre est censé se constituer… rien ici ne semble fonctionner.
C'est rare, surtout à notre époque de médiocrité contrôlée, de voir un aussi mauvais jeu finir sur les étals. Il est évident que des titres bien pires existent. Mais leur nauséabonde faiblesse repose sur leur cynique volonté à faire er un manque total de compétence pour une volonté artistique. (Deadly Premonition vient à l'esprit : si vous ne savez pas faire un jeu correct remplissez votre daube surréaliste de références Lynchéennes; les "journalistes" n'y verront que du feu.) Ride to Hell n'est visiblement pas de cette catégorie. C'est un jeu raté de la première syllabe à la dernière strophe. Du premier chargement foiré lors de l'introduction calculée en temps réel à la dernière image du générique de fin; tout est raté. Avec brio les équipes de Eutetechnyx - anciens artisans de la scène ZX Spectrum qui ont eu le malheur de survivre jusqu'à maintenant - ont réussi à prendre la mauvaise décision à chaque fois. Combat de près? Raté! Combat de loin? Foiré! Système technique? Pathétique! Marcher? Faut pas déconner. Courir? Je vois que vous comprenez.
Vous devriez acheter Ride to Hell : Retribution. Ne serait-ce que pour voir en quoi les canons modernes du game-design ne remplacent pas une équipe compétente dotée d'une idée qui mérite d'être explorée. C'est Le Meilleur Mauvais Jeu de sa Génération.