Comme toutes les sagas qui s’éternisent, Resident Evil, avec ses bientôt 30 ans au compteur, a parfois raté quelques marches. C’était vrai notamment pour les épisodes dits « secondaires », mais aussi sur la série principale avec son épisode 6, sans doute le plus décrié à sa sortie (à juste titre avouons-le).
Décidé à relancer une licence menacée d’enlisement, Capcom avait fait des choix forts pour son 7e volet, en proposant d’incarner un civil lambda, avec une vue à la première personne. Le jeu s’était montré terrifiant et marquait un tournant pour la franchise, à l’instar du 4e volet en 2005.
“Village” de son petit nom, Resident Evil VIII est-il dans la continuité de son illustre prédécesseur ou entend-il, lui aussi, bouleverser les codes de la saga?
Premier élément de réponse, ce 8e volet nous replonge dans la peau d’Ethan Winters, pauvre bougre à la recherche de sa femme dans l’épisode précédent et qui a é un moment fort désagréable dans le bayou de Louisiane. Quelques années ont é depuis et lui et Mia (sa femme donc), vivent désormais quelque part en Europe sous l’œil bienveillant du BSAA. Ils ont même eu une petite fille appelée Rosemary. La petite famille occupe une maison très cosy qu’ils vont devoir abandonner malgré eux suite à l’irruption pour le moins brutale de Chris Redfield et ses hommes. Assommé, Ethan se réveille des heures plus tard dans un véhicule abandonné, à l’entrée d’un village reculé de Transylvanie. Désœuvré mais surtout terriblement inquiet pour sa fille, Winters tente de comprendre ce qui lui est arrivé. Mais il va rapidement réaliser en arrivant dans ce bled paumé qu’il va devoir commencer par une chose : survivre.
Certains fans reprochaient à RE7 de nous faire incarner un personnage lambda, et non plus un membre des forces spéciales aguerri au combat. Mais ce choix avait permis de jouer sur le sentiment de vulnérabilité du joueur, un peu comme Silent Hill en son temps. De même, le age à la première personne était une petite révolution pour la saga, mais là aussi, il renforçait le sentiment d’immersion.
REVIII est donc complétement dans la continuité de son grand frère à tous ces points de vue. D’ailleurs le jeu utilise le même moteur graphique.
Autant le savoir, si vous n’avez pas aimé le 7, il y a peu de chance que celui-ci vous plaise davantage, même si le cadre se veut très différent. Exit en effet la moiteur de la Louisiane, bonjour le froid et la nature morte de l’hiver roumain !
Pierre angulaire des Resident Evil, l’ambiance de cet opus est plutôt au rendez-vous. Village enneigé, maisons misérables, château inquiétant, usine rouillée...de ce point de vue, difficile de critiquer le jeu, même si certains pourraient lui reprocher, à juste titre d’ailleurs, ses ressemblances avec le village espagnol de RE4...Les joueurs pourraient par ailleurs ne pas apprécier le ton un peu décalé que prend notamment Ethan par moment, certaines de ses réactions ou de ses répliques sonnent en effet parfois un peu saugrenues et en décalage avec le contexte horrifique dans lequel il est plongé. On croirait parfois incarner Ash, le héros d’Evil Dead, plutôt que ce pauvre bougre supposé terrifié qu’est Ethan Winters...
Graphiquement en tout cas, le jeu est solide. Certains environnements sont vraiment très réussis, notamment le château Dimitrescu qui est un petit chef d’œuvre d’architecture gothique. Difficile de faire mieux pour vous rendre nerveux ! On regrettera toutefois quelques retards d’affichage, notamment de certains éléments de décor, ce qui fait plutôt mauvais genre quand le jeu tourne sur PS5...
Dommage également que les musiques n'atteignent pas le niveau d'excellence de certains épisodes és.
Si globalement, Village reste un épisode plutôt stressant - bien que ce soit assez variable d’un endroit à un autre- on n’atteint pas les sommets de tension de l’épisode 7. Le soft est d’ailleurs assez nettement plus orienté action (disons en tout cas, qu’il propose quelques phases très “bourrines”), ce qui lui fait gagner en adrénaline ce qu’il perd en matière de peur.
Relativement linéaire, RE8 vous laisse toutefois le loisir d’errer (ou de vous perdre) dans certains espaces relativement ouverts, notamment le village et le grand château qui le surplombe.
Niveau difficulté, vous aurez comme d’habitude le loisir de placer le curseur où bon vous semble, le niveau “normal” étant relativement facile. Même si le jeu tente de garder sa dimension “survival” retrouvée depuis l’épisode précédent, vous serez rarement à court de munitions dans le mode de difficulté standard. Vous aurez en effet la possibilité d’échanger de la monnaie locale -assez simple à accumuler- ou faire du troc avec un étrange marchand d’armes pour vous approvisionner. Drôle de personnage du reste que ce commerçant qui semble en savoir beaucoup sur ce qu'il se trame dans ce village et qui n’en finira pas d’alimenter les théories autour du jeu...
Des mystères il y en a d’autres dans ce RE, parce qu’à l’instar de l’épisode précédent, les éléments de compréhension se montrent rares pendant une bonne partie du jeu, ce qui peut à la fois être frustrant parce qu’on ne comprend pas grand-chose à ce qui se e et à qui on a affaire, mais permet toutefois de maintenir le joueur dans une forme d’expectative et d’interrogation permanente (ils sont où les mecs du BSAA, ils attendent quoi pour venir me sauver? Et depuis quand les vampires existent d’abord?)...
Comme le titre de cette humble critique l'indique, ce dernier RE en date est un épisode à la croisée du 4e volet pour son cadre (le village paumé, le château....) et ses vagues d’ennemis parfois impressionnantes, et du 7e épisode dans la mesure où il en constitue la suite et qu’il reprend le même personnage, le même moteur graphique et le même gameplay.
Au final, Village est, un peu à l’image du précédent, un épisode en forme de standalone (même s’il est quand même recommandé de connaître la saga pour saisir les informations distillées au compte-goutte ainsi que la fin du jeu) qui, malgré quelques redites, s’en sort très honorablement.
Par ailleurs, il se réapproprie de manière assez malicieuse le mythe du lycan et du vampire au service de sa propre mythologie.
25 ans après ses débuts, la saga Resident Evil garde donc le cap et continue de proposer des épisodes de qualité. On attend désormais de voir de quoi sera fait le prochain opus, qui pourrait bien être un nouveau tournant.