Critique après avoir terminé le mode histoire en environ 5h30, en difficulté « challenge », apparemment celle préconisée par les développeurs, qui constitue une sorte de normal +, et quelques runs en mode infini et en mode rogue like.
Mullet MadJack est un titre brésilien, si je dois en croire wikipédia, qui opère dans le genre du fast FPS mais en piquant sa mécanique principale à Post Void, un indie suédois qu'on recommandera bien plus que cette version. Dans les deux jeux, la partie du joueur s'achève immanquablement au bout de dix secondes...à moins que celui-ci ne parvienne à vaincre un adversaire, ce qui lui rajoutera une portion de temps infime à peine nécessaire pour courir vers le prochain, dans une lutte stressante constante face au chrono. Si dans Post Void cette contrainte est justifiée par l'épuisement d'une idole de sang qui nous maintient en vie dans un monde saturé, mystique et cauchemardesque de ruche infernale, Mullet joue la carte la grosse satire qui tache. Notre personnage élimine des robots pour le compte d'une entreprise de streaming dont les viewers se désintéressent de tout ce qui leur e sous les yeux au bout du temps susnommé CLIN D'OEIL CLIN D'OEIL comme dans le monde réel de la vraie vie du monde qui existe où tout individu montre un TDAH sévère parce que « quand même, avec tous ces réseaux et ces écrans de nos jours ».
Mullet reprend la mécanique de Post Void ainsi que ses déplacements en dash, ajoutant un certain nombre d'éléments à la formule qui s'en trouve prétendument complexifiée mais qui perd en réalité toute radicalité. Des éliminations au càc rendues possibles grâce à des objets complaisamment distribués sur les murs du jeu permettent très régulièrement de recharger tout son chrono. Des distributeurs de boissons assez nombreux fournissent la même aide, et entre chaque round de gameplay, les power up aléatoirement proposés au joueur le font vite rentrer dans un god mode d'autant plus permissif que la mort autorise assez rapidement à conserver la plus puissante de ces améliorations la vie d'après. Bref, hors des modes pensés pour gonfler artificiellement son défi, Mullet est un jeu facile dont la répétitivité extrême du level design lasse à assez grande vitesse. La piscine de salles disponibles à la génération aléatoire est assez petite et on aura vite fait de connaître la stratégie optimale pour er chaque format de couloirs.
Le jeu se pare, pour essayer d'emballer cette faiblesse de conception en plus repompée, d'un scénario inintéressant qui verra notre personnage gravir un immeuble (toujours ces tours depuis Donkey Kong, on en sortira jamais) pour sauver une princesse tout en tuant des robots milliardaires au design évoquant les extraterrestres de They Live, film parodié de toute façon à de multiples reprises dans l'aventure. Mullet MadJack est un de ces inables produits à gimmick qui veulent nous vomir tout ce qu'ils croient savoir des années 80 90 sans nous épargner un seul de ce qui constitue déjà des clichés chiants et déés depuis 10 ans : l'obsession pour Carpenter, les blagues méta et le quatrième mur qui se fait enfiler comme une brochette, le générique en japonais, le tamagotchi, de la synth wave de merde tout le temps, les baskets montantes, les-jeux-avant-avaient-des-boîtes-en-carton-pas-comme-maintenant-ma-bonne-dame, rien ne vous sera épargné. Mullet a l'audace de parsemer le tout de « piques » (je ne sais même pas comment les appeler) contre les riches qui sont d'un simplisme et d'une connerie propres à faire er le tâcheron Bong Joon-Ho pour un herméneute fin du marxisme.
Le problème finalement, c'est que tout pue l'emprunt et le faux dans ce jeu qui ennuie à une vitesse déconcertante. Un éternel avatar de ce que les geeks puants montrent comme visage quand ils essaient de se créer une identité culturelle à travers leur loisir.
Essayez Post Void et regardez ce que propose Y/CJ/Y Games à la rigueur, c'est le seul bienfait indirect que je peux voir à Mullet.
PS : sur Xbox, le jeu est impossible à finir parce qu'il plante après le générique de fin. Donc quelque part, allez vous faire foutre.