J'ai acheté Life is Strange dès sa sortie comme un soutien pour le studio Dontnod dont j'avais apprécié le travail sur Me. Au départ seul l'esthétique de LiS me plaisait et je ne savais pas trop à quoi j'aurais à faire. Le premier épisode avait un peu calmé mon ardeur. Je l'avais trouvé un peu lent. L'ambiance "ados américains" était certes originale dans le jeu vidéo mais pas du tout originale dans son traitement. Seule la musique sortait du lot par sa qualité et l'espoir de bonnes choses à venir grâce au pouvoir de manipulation de temps de l'héroïne. J'ai ensuite découvert le jeu au fil de ses sorties épisodiques. Sans doute une bonne idée pour des petits studios comme Dontnod mais qui hache tellement la narration que je ne suis pas sûr que cela soit une bonne idée pour le joueur. Le temps d'attente entre chaque épisode est si long que l'on sort très vite du récit. Malgré d'excellents cliffhangers. Néanmoins le jeu s'améliore avec les épisodes. Les problèmes d'adolescents sont un peu mis de côté et laissent place à une enquête en fil rouge intéressante. L'amitié entre Max et Chloé est également bien mise en scène. Et finalement le point fort du jeu sur le papier devient son point faible : la manipulation du temps.
Chez Telltale, depuis Walking Dead, le choix du joueur dans le jeu est prédominant. Nous sommes sur le qui vive et nous n'avons que quelques secondes pour choisir une réaction dans une situation donnée. Life is Strange fonctionne à l'envers. Chaque choix met le jeu sur pause et non seulement nous avons le temps de réfléchir mais en plus il nous est possible de rembobiner le temps pour tester un autre choix si l'issue ne nous plait pas. Au final, le choix s'efface. On a beau réfléchir longtemps devant un dilemme, il peut arriver que l'on oublie le choix que l'on a fait vu que nous avons vu en l'espace de quelques secondes les deux récits. Ils perdent alors de l'impact. Et, comme dans Telltale, on peine souvent à voir l'influence qu'ils ont dans le futur. Au final on a l'impression que c'est un peu vain.
Alors oui, la fin joue un peu là dessus. Sur ces présents possibles qui s'enchevêtrent et perdent Max. Le problème est qu'ils nous perdent également et qu'ils désamorcent les scènes chocs. Pourquoi pleurer la mort d'un personnage si au final rembobiner le temps peut tout régler ? Les grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités nous dit-on, mais seulement à la toute fin de la série. Seul moment où vraiment notre choix semble définitif et pris en compte.
Si l'on ajoute à cette semi déception une écriture un peu trop classique, on obtient un jeu d'aventure certes sympa, avec de bonnes idées mais qui, selon moi, ne rivalise pas avec les meilleurs productions Telltale. Par contre LiS prouve que l'on peut tenter d'autres choses dans le domaine et il ne manque pas grand chose pour déer le maître. Peut être des personnages plus intéressants, une histoire mieux écrite et cette gestion des choix plus travaillés. Mais vu l'accueil critique du jeu, je doute que Dontnod change vraiment sa recette. Sa notre Sens Critique est étonnamment élevée et au moment où j'écris ces lignes Life is Strange est le jeu de l'année 2015. Soyons sérieux...