Final Fantasy II
6.3
Final Fantasy II

Jeu de Hironobu Sakaguchi (1988PSP)

Pourquoi tant haine ?

J'ai commencé ce jeu sans avoir lu un seul mot positif à son égard. Tout le monde semble le considérer comme le pire de sa série, comme un jeu désagréable et j'en e, notamment à cause de son système de leveling non traditionnel. C'est d'ailleurs ce système préfigurant skyrim avec 25 ans d'avance qui m'a fait me pencher dessus au départ, ça faisait un moment que l'envie de me faire un jrpg grandissait en moi, et ma méconnaissance de la saga Final Fantasy (je n'avais fait que le premier) me confortait dans ce choix.


Voilà pour le contexte préliminaire, même si on s'en fout un peu. Mais au final, la question que je me suis posée après à peine une petite dizaine d'heure de jeu, c'est : pourquoi tout le monde déteste ce jeu ? Sérieusement, je veux bien entendre que l'équilibrage était claqué sur la version NES et que le jeu est lent, mais primo, il existe un teraflop de versions plus abouties sur divers s, et secondo, pour peu que vous y jouiez sur émulateur, ce que je ne peux que trop vous conseiller, car il est scandaleux que square enix prétende faire payer plus de 10 balles une version pas belle, paresseuse et qui supprime du contenu par rapport à des versions antérieures, d'un jeu de 1988, pour peu donc que vous ne soyez pas un pigeon, vous pourrez accélérer le jeu à votre guise lors de ses ventres mous, qui existent, ne soyons pas de mauvaise fois.


Mais franchement, si on e outre les rencontres aléatoires trop présentes, défaut fréquent pour l'époque, j'ai trouvé le jeu tout bonnement génial, avec un rythme qui peine peut-être un peu à démarrer au début mais qui une fois lancé nous en met plein la vue tout du long.

Pour moi, en me basant sur mes souvenirs qui commencent à dater de plusieurs années quand même, ce jeu donne une sacrée leçon au premier FF, ils ne jouent tout simplement pas dans la même catégorie. Final Fantasy premier du nom était un jrpg sympathique mais très limité dans sa structure : on joue quatre élus de la lumière de mon cul, sans aucune personnalité, qui doivent sauver le monde en allant chercher les 4 gemmes antiques gnagnagna... Le twist de fin était cool, mais c'était un peu tout.

FF II, lui se montre bien plus ambitieux dès son intro, et l'on sent qu'il veut vraiment raconter quelque chose, ce qui est selon moi fondamental dans l'appréhension que j'ai d'un rpg.

Un truc à la fois tout bête et fondamental, nos persos ont des noms (qu'on peu certes changer, mais qui sont donnés par default), une apparence et un background défini. Ils ont de plus une motivation qui les pousse à agir bien plus convaincante qu'une histoire de prophétie à la con ou je ne sais quelle autre faribole du même acabit. Leur village se fait attaquer en début de jeu par l'empereur Mateus et le frère de Maria, la soigneuse du groupe, disparait au même moment. Pour appuyer mes histoires d'ambition narrative, on a, après la cinématique d'intro, un combat scripté contre des soldats de l'Empire de Palamecia, bien trop forts pour nous à ce stade, et l'on voit nos personnages se faire tuer l'un après l'autre devant nos yeux sans rien pouvoir faire, après quoi on se retrouve dans une pièce éthérée ou un mage blanc nous ramène à la vie in extremis. Ca semble rien tout ça, mais rappelez-vous que nous sommes en 1988, il y a presque 40 ans ! Une époque où le JV était encore considéré comme un pur loisir aliénant pour enfants qui rechignent aux activités de plein air.


Et cette ambition narrative, et surtout cette volonté de faire vivre une aventure, une véritable épopée, ne se dédit pas au fil du jeu, bien au contraire. Je ne veux pas spoiler les différentes péripéties et twists qui parsèment l'aventure, mais entre le moment où l'on entre dans une tornade, où l'on fait sauter un destroyer aérien ou celui où l'on rencontre le dernier représentant d'un peuple de guerrier draconique dans le ventre d'un Léviathan (10 ans avant Jabu-Jabu !) qui vient de nous avaler pour avoir tenter de s'approcher de la tour contenant le sort Ultima, et où celui-ci ret notre équipe, je vous prie de croire que le jeu ne manque pas de rebondissements.


Bien sûr que ce n'est pas du Shakespeare, que nos personnages ne sont que grossièrement caractérisés, mais le jeu fait déjà tellement plus que le premier sur ce point ! Et l'idée de n'avoir que 3 personnages fixes tout au long du jeu et un quatrième qui varie en fonction de l'avancement du scenario peut déplaire à certains en ce qu'elle implique plus de farming et d'incertitude, mais je l'ai personnellement trouvée très intéressante, en cela qu'elle permet de varier les styles de jeu, de marquer notre avancement dans l'univers, et aussi de nous faire vivre la mort de plusieurs personnages de notre groupe, là encore près de 10 ans avant FF VII.


Concernant le système de jeu, je ne comprend là non plus pas pourquoi il est si clivant, les versions ultérieures à la version NES ont petit à petit corrigé la majorité de ses défauts originels, à l'exception peut-être de certains ennemis qui abusent un peu avec leurs attaques de statut qui peuvent quasiment te stunlock, ce qui peut se montrer particulièrement agaçant.

Mais sinon, le système à la skyrim m'a plutôt plu, je trouve que c'est une bonne alternative, très originale pour son époque, au système de niveau traditionnel surutilisé dans les jrpg, et à moins d'être un psychorigide de l'optimisation et du rebuild permanent, qui voudrait monter toutes ses compétences au max (ce que je ne suis pas), il n'est pas si chronophage que les gens peuvent le dire. Gardez à l'esprit que j'ai fait une bonne partie des combats en x2 voire x3, mais je peux en dire autant de FF I et de Mother, à un moment faut pas déconner non plus, qui a le temps aujourd'hui de jouer 60 heures à un jeu NES ?


Reste qu'au final, j'ai vraiment adoré ce jeu, j'ai vraiment eu la sensation de me battre pour une bonne raison, contre un empire qui a une prise sur le monde du jeu, qui l'altère véritablement (au fil du jeu on a vraiment la sensation de reprendre du terrain sur un ennemi qui nous semblait invincible au départ, on a un sentiment de progression extrêmement grisant pour l'époque, qui e aussi bien par le biais des mécaniques que par celui de la reconquête de l'espace de jeu. Je tiens aussi à dire que le jeu à une ambiance résolument sombre, avec des pnj désespérés pour de bonnes raisons, (les mecs coincés dans le ventre du léviathan depuis 10 ans, et qui nous disent que plus vite on aura accepté qu'il est impossible de sortir, mieux ce sera pour nous...).


L'OST est d'excellente facture, elle lasse peu, et je tiens particulièrement à saluer le thème de l'overworld, notamment la version PS1, reprise sur la version PSP, qui est merveilleuse de mélancolie.


En fait une réflexion m'est venue lorsque je me suis rendu compte qu'il m'a fallu 70 heures pour faire tout le contenu du jeu (annexe compris), je suis certes plutôt lent, mais le jeu est assez monumental, et je me suis pris à penser qu'en terme d'ambition et d'étendue, ce jeu était sans doute l'équivalent pour les joueur NES de The witcher 3 ou skyrim, un jeu fleuve duquel tu vois le bout après 6 mois d'errance et de recherche, mais dont tu ressors ravi, avec l'impression d'avoir pris part à une grande aventure.


Ce jeu à réussit à m'émouvoir avec finalement très peu, et si après m'avoir lu vous voulez (re)donner sa chance à cette pépite déconsidérée je ne peut que vous conseiller d'émuler la version PSP, à mon avis la meilleur, largement devant le pixel remaster, car, contrairement à lui, elle contient tous les ajouts des versions successives, les améliorations de gameplay, et qu'elle est surtout la plus aboutie graphiquement, bien plus que le pixel remaster qui est une régression incompréhensible.

8
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le 21 mai 2025

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Lugiaenpersonne

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