L'éternelle remise en question

Bien que le projet de départ fut beaucoup plus ambitieux (il était notamment question de modifications assez complexes du scénario selon les choix du joueur et sa manière de jouer), ce Final Fantasy II veut aller bien plus loin que son illustre prédécesseur... quitte à se prendre parfois les pieds dans un aspect un peu expérimental.

Personnellement, j'aime bien les créateurs qui tentent des trucs et qui accouchent d’œuvres un peu cassées. Les prises de risque sont pour moi les germes de l'art véritable. Il n'est pas question de rechercher la perfection mais bien d'emprunter les chemins de traverse. De remettre en question le consensus de l'époque et viser plus loin. C'est devenu l'ADN de la saga Final Fantasy, là où Dragon Quest préférera rester sur ses acquis, sous prétexte de "classicisme". Deux façons opposées de voir les choses...

Alors que je ne m'attendais pas à grand chose, je me suis rapidement pris d'affection pour ce deuxième épisode. La mise en scène et le scénario tentent par tous les moyens de toucher le joueur. L'histoire racontée est prise très au sérieux par l'équipe de Sakaguchi, et le soin apporté pour donner vie à ce petit monde naïf est remarquable.

Les personnages sont attachants; les enjeux, étonnamment sombres pour une production NES... Il est un peu regrettable que le scénario original, étonnamment complexe (on aurait presque dit du Game Of Thrones XD), ait été finalement rejeté pour se muter en un hommage (trop appuyé) au Star Wars de Lucas... Final Fantasy ne trouvera pas encore sa pleine liberté créative avec cet épisode.

Quant au système de progression du jeu, ancêtre de celui des Elder Scrolls, il a largement ma préférence à celui à base d'XP et de niveaux à gagner. Il est question ici d'utiliser la magie pour devenir meilleur magicien, de prendre des coups pour augmenter ses HP, d'utiliser telle ou telle arme pour améliorer nos compétences... Un principe non seulement beaucoup plus logique mais qui laisse en plus une liberté quasi totale pour composer l'équipe de nos rêves.

Seul souci: le système n'est pas totalement au point et, ées les premières heures de découverte, le joueur cessera d'expérimenter pour se caler dans une routine qui deviendra peu à peu aussi ennuyeuse qu'une banale montée d'XP.

Enfin, mention spéciale aux donjons, tortueux mais pas trop, et contenant pas mal de chemins secrets. Je me suis régalé à les explorer de fond en comble, et y parvenir sans guide offre au joueur un véritable petit sentiment d'accomplissement. Plus, en tout cas, que les combats de boss, décevants à cause de leur facilité éhontée.

Qu'on ne s'y trompe pas: Final Fantasy II est un jeu bien archaïque à quasiment tous les égards, et ne conviendra pas à la plupart des joueurs modernes. Mais cette version Pixel Remaster met tout en œuvre pour rendre aussi confortable qu'agréable cette découverte historique.

Et ma foi, elle y parvient plutôt bien !

Note: 13/20