Sorti en 2008, le premier Dead Space avait quelque peu ressuscité le genre du survival horror. Son système de jeu en third person shooter le rapprochait pourtant plus d’un Resident Evil 4, dont il était le digne héritier, que d’un Silent Hill. Piochant un peu toutes ses idées dans les grands classiques du cinéma de SF horrifique, le scénario du jeu nous propulsait en 2508 pour nous mettre dans la peau d’Isaac Clarke (hommage évident aux auteurs Isaac Asimoc et Arthur C. Clarke), un jeune ingénieur faisant partie d’une expédition de secours envoyée sur l’USG Ishimura. Ce dernier, un vaisseau brise-surface (une sorte de destructeur de planètes) avait cessé d’émettre depuis plusieurs heures avant que la Compagnie (la Weyland-Yutani ?) ne décide d’y envoyer quelqu’un pour s’enquérir de la bonne santé de l’équipage. Arrivés dans ledit vaisseau, les personnages y découvraient des coursives infestées de créatures polymorphes aussi agressives que des xenomorphes sous cocaïne. Des monstres résultant de la mutation des précédents occupants du vaisseau…
Quoi ? Un vaisseau qui refuse d’émettre ? Des monstres protéiformes et belliqueux ? Un MacGuffin sauce ketchup à la source de tout ce bordel ? Un héros torturé se retrouvant seul à errer dans des corridors mal éclairés ? Une compagne à sauver ? Déjà vu tout ça ?
Oui.
Comme dit plus haut, Dead Space bouffait clairement à tous les râteliers. Le scénario pompant The Thing avec ses mignons nécromorphes, Event Horizon avec son cœur de vaisseau directement copié sur celui du film d’Anderson (grand cinéaste…), Planète hurlante avec sa fin ouverte dans la navette de secours, 2001 L’Odyssée de l’espace avec son monolithe qui rend fou et bien sûr Alien avec… eux… avec tout le reste (monstres, vilaine « Compagnie », vaisseau glauque, corridors mal fréquentés). Le jeu n’en demeurait pas moins un formidable défouloir à jump scares, au terme duquel nous abandonnions notre personnage à un avenir incertain.
Sorti trois ans plus tard, Dead Space 2 raccrochait parfaitement les wagons. Interné dans l’asile d’une station spatiale jovienne, la Méduse, notre brave Isaac se voyait devenu la proie de visions plutôt flippantes. Tel une Cassandre, une Ellen Ripley ou une Sarah Connor (au choix), il clamait à tous les psys qui le soignaient qu’il n’était pas fou, ce qui, en général, est le chose la moins judicieuse à dire quand on veut er pour sain d’esprit. Allez savoir pourquoi, personne ne semblait le prendre au sérieux quand il criait sur les toits que d’immondes gloumoutes lovecraftiennes avaient bouffé en brochettes tout l’équipage d’un vaisseau. Et puis un jour, ou plutôt une nuit (nous sommes dans l’espace, suivez un peu bordel…), arriva ce qui devait arriver, les vilains necromorphes envahissaient la base spatiale. Et c’est en pleine hécatombe que nous reprenions les commandes d’un Isaac en bien mauvaise posture, puisqu’encamisolé et en pleine séance d’ophtalmologie au laser, alors que ses « soignants » se faisaient tous dévorer dans les salles voisines. Quelques minutes et pas mal de frayeurs plus tard, nous retrouvions notre armure, un brin améliorée et un peu plus cintrée (quitte à déambuler en scaphandre, autant avoir la classe quoi !), et quelques armes particulièrement pratiques pour occire, incinérer, démembrer, énucléer et chatouiller les différentes créatures de cauchemars se ruant vers nous « en manque de caresses » (comme dirait le soldat Hudson).
Bien sûr nous croisions ensuite quelques rares survivants, dont quelques traîtres (Carter Burke ! Sors de ce corps !), un bestiaire absent du premier opus (ah, ce qu’ils sont turbulents ces gamins de la crèche…), le cadavre d’un type dénommé Howard Phillips qu’on devine comme un énorme clin d’œil à Lovecraft, des monstres absolument casse-couilles parce qu’ils sont increvables (du type Tyrant dans les Resident Evil, le charme en moins) et le fantôme d’une défunte épouse aussi (ir)radi(ant)euse qu’une centrale nucléaire en surchauffe.
Alors oui, le jeu est vieux, a eu une suite moins réussie plus orientée action (le syndrome Resident « Capcom » Evil, que voulez-vous…), quelques DLC sympa, et un remake sur next-gen. Mais entre revoir un Alien le 8ème ager ou un Prometheus, vous préférez quoi ? Revoir Prometheus ?
Bon ok, la comparaison est nulle.
Dead Space 2, c’était le summum du jeu d’action et d’horreur sur fond de SF spatiale. La direction artistique y était à tomber, le scénario plutôt bien trouvé, les niveaux bien moins redondants que ceux d’un Doom 3, et la difficulté parfaitement dosée, avec des phases bien galère, à vous faire regretter l’injouabilité d’un Terminator 3 sur Playstation 2. À ce titre, le age de la crèche est un très efficace moyen de contraception à lui seul tellement il vous fait réaliser qu’un gosse… c’est quand même un peu chiant quand ça joue avec ses tentacules.
Bref, nostalgie du jeu, de la PS3, de la bonne vieille came vidéoludique, attention mode vieux con activé : ça c’était de la SF qui avait de la gueule !