Citizen Sleeper
7.6
Citizen Sleeper

Jeu de Fellow Traveller (2022PlayStation 5)

Citizen Sleeper est un jeu narratif avec des éléments de RPG qui se déroule dans un univers cyberpunk dystopique où des corporations emploient des dormeurs (des consciences humaines numérisées dans des androîdes) leur servant de main d’œuvre. On y incarne l’un de ses dormeurs qui a réussi à s’échapper de sa condition d’esclave pour échouer sur l’Œil d’Erlin, une station spatiale en marge de la galaxie. Mais cette liberté nouvellement acquise est précaire car son corps robotique se détériore avec le temps, et son ancien employeur est à sa recherche. Deux problèmes auxquels il va rapidement devoir faire face.


Le jeu a des qualités certaines : il est bien écrit (et traduit dans un français impeccable), il y a une galerie de personnages et certaines quêtes secondaires qui sont excellentes, également… mais dans l’ensemble, je trouve le jeu plombé par de nombreux défauts

.

Le personnage que l’on incarne est une coquille vide sans personnalité, ce qui se conçoit totalement au début de l'aventure mais qui n’évoluera pas par la suite, tant ses choix de dialogues sont pauvres et rares. L,Œil d’Erlin ne dégage aucune personnalité non plus. Les lieux visités ne sont que des icônes sur une carte où tous les bâtiments se ressemblent, ne bénéficient d’aucune illustration et seule une description très succincte des actions possibles nous permet de nous faire une vague idée de l’endroit. Heureusement qu’il y a quelques descriptions lors des dialogues sinon je n’aurais aucun moyen de savoir que les Yatagans vivent dans des taudis et les Havréages dans les beaux quartiers, par exemple. Pour un jeu qui se veut narratif et immersif, je trouve que c’est une grosse erreur.


L’autre gros point noir du jeu, à mes yeux, est son gameplay. Le jeu se découpe en cycle. Pour chaque cycle, on dispose, selon l’état de notre dormeur, d’entre 1 et 6 dés qui vont nous permettre d’effectuer des actions. Et bien souvent, l’utilisation d’un dé ne donne pas de résultat direct mais se contente de remplir une portion de camembert (le jeu les appelle des chronos, mais pour moi cela restera des camemberts) et c’est seulement une fois ce dernier rempli (ce qui nécessite généralement de répéter l’action entre trois et cinq fois, mais parfois plus) avant de générer un résultat concret comme une discussion avec un PNJ, par exemple.


À ces camemberts servant à effectuer des actions, on en ajoutera deux autres. Des camembert présents dans toutes les quêtes du jeu, et souvent à plusieurs reprises, dont il faudra attendre qu’ils soient remplis (cela se fait tout seul, d’une portion par cycle) pour pouvoir accéder à la suite de la quête. Et enfin d’autres camemberts qui se remplissent aussi tout seuls également et qui représentent des limites de temps à ne pas déer, sous peine d’échec de la quête ou de l’apparition d’un événement, le plus souvent négatif.


Avec tous ces camemberts, j’ai fini par développer une allergie au lactose !

Blague à part, j’ai trouvé cette mécanique de gameplay répétitive, lourde et franchement pénible.


L’écriture, soignée, aide à faire er la pilule. Si, comme je l’ai déjà souligné, le personnage principal brille par sa transparence, les habitants de l’Œil d’Erlin sont bien plus intéressants, attachants ou inquiétants. Découvrir l’histoire de chacun d’eux est vraiment ce qui m’a poussé à continuer le jeu… même si cela signifiait devoir remplir des dizaines de camemberts !

Le jeu parle de transhumanisme et de la difficulté à trouver une place dans une société de plus en plus déshumanisée. Certes, rien de révolutionnaire là dedans, surtout si vous avez beaucoup lu de SF, mais les sujets sont bien traités et en tout cas bien au dessus de la moyenne des autres jeux vidéos, je trouve.


Techniquement, c’est un petit jeu indépendant très modeste dans sa réalisation. La carte de la station en 3D est fade et sans personnalité et c’est malheureusement la seule chose que l’on aura sont les yeux la majeure partie du temps. Seuls les PNJs disposent d’une illustration de belle facture. J’aurais aimé une illustration pour chaque lieux visités également, mais bon…

Côté son, j’ai trouvé la musique anecdotique. Pour le coup, elle colle bien à l’ambiance de la carte.


En bref, malgré son écriture et sa galerie de personnages, j’ai trouvé le jeu globalement moyen et son gameplay lourdingue n’a rien fait pour arranger les choses.

Une déception.


5
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le 18 févr. 2025

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Loki Asgarder

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