Je ne saurais décrire le sentiment mystérieux et lancinant qui m'a traversé lorsque j'ai joué à Bubsy 3D. Un mélange de vive émotion et de fraîcheur inconnue, peut être ?
C'est vrai quoi, brûlez vos idoles ! Brûlez les licences à succès ! Brûlez Mario 64 et Banjo Kazooie !
Ce jeu vous transportera dans un monde différent.
Pourquoi s'encombrer de graphismes somptueux, et même de graphismes tout court, lorsqu'on peut se contenter de peu ? Les simples polygones aux couleurs chatoyantes qui agressent la rétine sont une bien meilleure idée pour favoriser l'immersion dans ce chef-d'oeuvre.
Le jeu est une découverte de chaque instant, les décors se dessinent brutalement devant vous. Chaque pas dans ce monde peuplé d'un seul ennemi ressemblant vaguement à un canard est un enchantement, tant l'apparition subite de vagues montagnes violettes et oranges composées majoritairement de carrés et de rectangles est une expérience unique.
Ne perdez plus votre temps en objectifs clairs et en chemins balisés. Bubsy 3D vous fera vous perdre dans des labyrinthes de textures fluo, phénomène jouissif, qui allonge du même coup la durée de vie du soft.
La cerise sur le gâteau.
Les erreurs de caméra et la maniabilité désastreuse vous poussent à vous arrêter souvent avant de risquer un saut vers l'inconnu, et ces instants de contemplation ne sont qu'un autre moyen d'accepter à leur juste valeur les paysages somptueux du jeu.
Si vous avez trop de cheveux, Bubsy vous permettra de vous les arracher et si vous avez l'oeil vif et alerte, ce jeu vous permettra de réduire vos globes oculaires en une sorte de bouillie insipide, faisant lentement macérer votre cerveau épuisé par trop de culture et trop de raffinement sous le feu de la nullité.
Après Bubsy 3D, plus rien n'a jamais été comme avant.