Vous pouvez retrouver mon avis avec illustrations et vidéos sur mon blog.
Si le studio Gust ne vous dit rien, vous avez probablement entendu parler, voire approcher, un des jeux qu’ils ont produits dont les multiples épisodes des Atelier. Entre autres titres, le studio a sorti en 2017 Blue Reflection où Hinako, danseuse de ballet forcée de stopper à cause d’une blessure, doit jongler entre sa vie étudiante et celle de “Reflector”, une sorte de magical-girl combattant des créatures monstrueuses. La licence s’accompagne d’un anime puis, en 2021, d’un nouvel épisode vidéoludique avec Blue Reflection : Second Light.
Que ceux approchant la licence pour la première fois, comme moi, soient rassurés : nul besoin d’avoir connu le précédent opus, ni même visionner l’anime pour profiter de cet épisode. Tous les éléments, que ce soient les codes de l’univers ou les protagonistes, nous sont introduits pour ne pas nous perdre. Blue Reflection : Second Light débute même avec un quatuor de nouvelles héroïnes, plaçant ainsi férus de la licence et nouveau public sur le même plan.
Ao, personnage que l’on sent destinée à être la cheffe de cette cohorte de lycéennes, se réveille au sein d’une école perdue au milieu de nulle part. Plus précisément, seul un vaste océan, dénué de limites, entoure le bâtiment, lui-même enclavé sur une modeste île. Ses compagnes d’infortunes ne sont guère plus avancées qu’elle. Toutes dépourvues de leurs souvenirs, elles n’ont aucune idée de comment elles sont arrivées ici. Une IA sur leur smartphone leur amène des prémices de réponses : l’école est connectée aux Heartscapes, des lieux qui reflètent les sentiments de chacune d’entre elles. En allant fouiller ces endroits, il leur est possible de retrouver leur mémoire… et invoquer d’autres connaissances comme des amies proches.
C’est sur ces prémices que débute l’aventure d’Ao et ses amies dans une ambiance estivale, presque onirique.
Exploration du cœur humain
L’avancée au sein de Blue Reflection : Second Light se découpe en deux phases distinctes, exprimant toute la nature du titre. Les Heartscapes ne sont rien de moins que des donjons à explorer, emplis de créatures. Le bestiaire est assez riche pour ne pas lasser, avec quelques variations de couleurs pour quelques monstres. Vous allez croiser aussi bien des ours en peluche peu affectueux, des êtres mécaniques ou encore des animaux cauchemardesques.
Chaque Heartscape possède son propre bestiaire, tout autant que son ambiance. Aucun donjon ne ressemble à l’autre et rend ainsi chaque exploration intéressante, ne serait-ce que par la découverture lorsqu’on entre pour la première fois. Les décors sont volontairement oniriques et on se laisse happer par ces décors lumineux que ce soit des gares abandonnées dont les rails sont recouverts par la mer (coucou Le voyage de Chihiro), un temple japonais avec des lanternes flottantes ou encore une prairie où les étoiles sont tombées du ciel. La direction artistique misant sur les effets de lumière, c’est un véritable enchantement pour les yeux.
L’exploration de ces lieux ne se fera pas sans heurt. Les créatures qui les habitent sont loin d’être amicales et voudront vous sonner les cloches. Heureusement Ao et ses amies sont équipées en bonne et due forme. Afin d’améliorer leurs compétences, vous n’aurez pas de pièce d’équipement à leur attribuer mais des fragments. Ces éléments s’obtiennent en améliorant les talents de vos personnages (on y reviendra plus bas). Mais, surtout, vous allez devoir dompter la jauge d’Éther.
L’Éther pourrait être comparée aux points de magie dans les RPG plus “classiques”. Alliées et ennemis avancent sur cette jauge. Si l’ennemi doit arriver jusqu’au bout pour frapper, concernant vos alliées, vous pouvez frapper à tout moment. Néanmoins, plus vous accédez à un haut palier, plus vous avez de capacités à votre disposition. Chaque compétence dépense un certain nombre d’Éther. Ainsi, si vous atteignez la jauge 4, vous pouvez utiliser une capacité de même niveau ou utiliser quatre fois une de niveau 1. C’est à vous de jauger selon la situation. Au premier tour, vous ne pourrez pas accéder plus haut que le palier 1 de la jauge sauf en équipant des fragments particuliers.
L’aspect magical-girl n’est nullement oublié, pas d’inquiétude. Ao et ses amies se transforment dès qu’elles atteignent le palier 3. Elles se montrent plus puissantes sour cette forme avec des capacités toutes nouvelles. Ce qui peut s’avérer très utile face aux boss surtout quand ce dernier décide d’enclencher une phase un contre un. Ces phases peuvent être aussi initiées par votre personnage. Dans un cas comme dans l’autre, il faudra esquiver, contrer et frapper pour épuiser au maximum votre ennemi et, avec de la chance, l’occire.
Le système de combat se révèle dynamique, surtout durant les combats de boss. On prend rapidement le coup de main et on s’amuse à jongler entre les paliers et personnages pour améliorer notre combo et ne laisser aucun répit à l’adversaire. Le jeu indique même si des compétences exploitent les faiblesses de l’ennemi. Vous vous en doutez : la victoire est pratiquement assurée en usant de cette stratégie.
En plus des trois combattantes, un quatrième personnage sert de soutien. En plus de pouvoir échanger sa place avec une de ses amies, cette quatrième roue du carrosse (fort utile !) aider à l’aide de compétences que ce soit en soignant, ou en accordant des bonus.
Si vous avez bien amélioré vos personnages, basculez en mode automatique pour finir les petits ennemis rapidement. Un élément très pratique si vous souhaitez explorer entièrement chaque Heartscape aussi bien pour trouver tous les souvenirs des personnages, mais aussi dévoiler certaines zones. Ces dernières requièrent des objets qu’il vous faudra confectionner.
Parfois vous devrez même er en mode “Stealth”. En appuyant sur carré, Ao s’accroupit et vous pouvez visualiser, en rouge, le champ de vision des ennemis. Il faudra ne jamais être vu et atteindre un point désigné sur la carte. Si l’idée est intéressante en proposant d’aborder l’exploration sous un autre angle, le parcours est parfois très approximatif, voire au pixel près. Il m’a fallu, parfois, me faire voir volontairement pour que l’ennemi reprenne son parcours habituel et ne se déplace pas de façon chaotique (et donc impossible d’avancer).
Le cœur tendre des jeunes filles
Effectivement, je n’ai abordé qu’un aspect du jeu, jusqu’à présent : l’exploration des donjons et les combats. La vie de ces lycéennes n’est pas que fracas. Il y a aussi des instants de repos et de grâce qui se déroulent, en majorité, dans cette académie perdue au sein de l’océan.
Gust oblige, la création d’éléments (el famoso crafting) répond présent sans pour autant se montrer long pour un rien. Avec ce que l’équipe glâne au sein des Heartscape, l’on peut concevoir aussi bien des consommables pour soigner l’équipe, s’accorder des bonus ou infliger des malus à l’ennemi mais aussi des objets pour accéder à de nouvelles zones et construire… des bâtiments.
L’école mérite d’être embellie et chacune des protagonistes souhaite l’améliorer, ainsi que s’accorder des moments dignes d’une escapade estivale. La cour scolaire va, ainsi, se remplir de stands dignes d’une fête avec nourriture et jeux de tir, mais aussi d’éléments plus prosaïques comme des tables de cours, des lits, un distributeur de nourriture… Loin d’être simplement décoratifs, ces éléments accordent des bonus à votre équipe.
En dehors de ses envies soudaines d’architecture, Ao voit ses amies lui proposer des quêtes secondaires comme vaincre un certain type d’ennemis, concevoir un objet/bâtiment, etc. Ces objectifs se couplent aussi avec les “dates”, autrement dit des scénettes durant lesquelles Ao et une des autres lycéennes apprennent à mieux se connaître. Ces moments vacillent toujours entre franche camaraderie et sentiments plus tendres, restant ambigus sur les sentiments. Si certaines filles tentent de rappeler à Ao qu’elles sont des filles, l’ambiguïté est loin d’être innocente. La romance n’est jamais très loin.
Dates et quêtes secondaires amènent les personnages à améliorer leur jauge de talent. Ce dernier s’exprime en niveau et points qu’il faudra dépenser en échange de nouvelles capacités et améliorations de statistiques. Chez les personnages servant exclusivement de soutien, ces éléments pourront toucher l’ensemble des personnages. En sus, à l’issue des dates, vous êtes récompensés par des fragments qui servent, eux aussi, à améliorer vos personnages.
Blue Reflection : Second Light est riche en termes d’aides pour vos personnages. Entre les fragments, les talents et bâtiments, vous aurez rarement du mal à avancer. Si même vous échouez face à un boss, le jeu vous renvoie à l’école. En vous préparant avec des objets de soin et une équipe en pleine forme, l’avancée se fera d’elle-même.
L’été de notre jeunesse n’a jamais de fin
Blue Reflection : Second Light se veut un jeu misant sur la détente, à l’image de cette parenthèse estivale dans laquelle sont enfermées les protagonistes. Le jeu est loin d’être à la pointe des critères techniques vidéoludiques mais charme par sa direction artistique. Difficile de ne pas apprécier les Heartscapes, ni même les couchers de soleil depuis le pont de l’académie. Les jeux de lumière demeurent magnifiques. Un mode photo est même présent pour qui veut immortaliser certaines scènes, voire en concevoir en plaçant lui-même personnages et ennemis (j’ai un peu chuté dedans, je le confesse).
Les compositions musicales sont dans le même ton, très douces et se montrant plus entraînantes au sein des combats. Si le titre ne propose qu’un sous-titrage anglais, celui-ci demeure accessible pour comprendre l’ensemble des échanges. Mais cela pourra se révéler légèrement plus ardu lorsque l’intrigue s’emballe après une introduction plutôt lente. En termes d’écriture, Blue Reflection : Second Light souffre sur le rythme. L’introduction des personnages et de l’univers se fait au compte-goutte avant de er à la vitesse supérieure, enchaînant les informations et bouleversements. Ce soudain revirement, bien trop prompt, pourra laisser plus d’un joueur sur le carreau.
Pour autant, le titre ne m’a guère déplu. J’avoue avoir eu quelques difficultés à y entrer par moments car je sortais tout juste de Caligula Effect 2. Je quittais un monde factice où se retrouvaient enfermés divers protagonistes… pour plonger dans un autre univers irréel avec des lycéennes prisonnières de ce dernier.
Pour autant, Blue Reflection : Second Light l’emporte sur Caligula Effect 2 sur plusieurs plans et, surtout, possède sa propre identité. La patte Gust est bel et bien présente, ne serait-ce que dans la modélisation des personnages. Si ces lycéennes ont des charmes bien développés pour leur jeune âge (surtout Kokoro), je suis tout de même ravie que, physiquement, on a une variété des corps et on ne demeure pas sur le même archétype.
Je trouve plus douteux, par contre, le choix de certains costumes en dehors du scolaire qui, couplés à des mises en scène, proposent un fan-service que je trouve de trop. Oh certes il est mineur (et touche des mineures) : il se limite à quelques vagues plans de caméra comme lorsque Ao marche à quatre pattes sous une maison, ou un cadrage fesses. Mais, couplés à certains costumes, on ressent la volonté du clin d’œil goguenard adressé au public masculin. Le titre aurait pu largement s’en er et les costumes tendre vers plus des éléments magical-girl que du bikini affriolant.
Un platine accessible avec quelques subtilités
Pour les chasseurs de trophée, préparez-vous à er nombre d’heures sur cet opus. Contrairement au précédent, une nouvelle partie sera de mise. En guise de new game +, Blue Reflection : Second Light propose un choix que je trouve fort discutable. Vous ne conservez que la moitié des talents que vous avez cumulés, la database recensant l’ensemble des ingrédients et lieux de l’univers ainsi que les souvenirs. Tout ce que vous avez conçu, dont les bâtiments, sont annulés sans compter que vos personnages repartent au niveau zéro. Je trouve cela dommage car on a l’impression de s’être investi pour rien durant notre première partie. J’aurais davantage apprécié qu’on puisse reprendre notre partie avant le combat final afin de finir d’explorer l’univers.
Classique, le platine va requérir que vous exploriez le jeu à 100%. Une seconde partie sera obligatoire en new game + car impossible de monter au maximum le talent de vos personnages en une seule partie. Atteindre le niveau 50 avec tous les personnages (autrement dit cinq) sera aisé. Veillez juste à combattre un maximum, quitte à profiter de l’ultime donjon pour ne pas tout recommencer à zéro lors de votre seconde partie.
Au sein des Heartscape, récupérez tous les fragments de mémoires et découvrez chaque lieu. Les deux vont souvent de pair et une petite soluce ne sera pas de refus (comme celle-ci) car certains recoins requièrent des objets pour les rendre accessibles, ou ne peuvent être visités qu’à un certain moment précis. Bien souvent, il faudra explorer avant de vaincre le boss de l’Heartscape.
La plupart des autres trophées se recoupent puisque consistant à mener cent “dates”, répondre à un certain nombre de requêtes et concevoir un certain nombre d’éléments.
Le plus pointu réside dans l’Ether Tide, une compétence spéciale qui demande des conditions bien précises. Votre équipe doit atteindre le combo 15. Ceci fait, une de vos combattantes, au palier 3, doit achever l’ennemi. Heureusement certains objets, les feux d’artifice, augmentent le combo sans ca de dégâts.
Une charmante découverte
J’ai apprécié ma découverte de la licence. Blue Reflection : Second Light propose une aventure relaxante, dénuée de prise de tête. En dehors des combats dynamiques, on apprécie de er des moments de tendresse auprès de ces lycéennes qui souhaitent retrouver la mémoire. Les aides multiples rendent l’aventure légère, ce qui s’accorde à l’ambiance générale du titre. Malgré le casting qui s’agrandit au cours des chapitres (au nombre de dix), seuls cinq protagonistes rejoignent réellement l’équipe. C’est un peu chiche et j’aurais aimé pouvoir tester davantage de combinaisons.
Le jeu plaira sans aucun doute aux fans de la licence et des créations du studio Gust. Les autres pourront être charmés par la direction artistique et ce parfum d’été avec océan à perte de vue et crépuscule tardif.