Mon premier credo de l’assassin.
La lassitude n’est donc pas la même, celle ressentie par d’autres après une longue série d’épisodes annuels, ou presque.
L’histoire autour d’Hélix et du monde présent m’est donc complètement é par la tête. Et ce côté feuilleton du téléfilm de la TNT sur plusieurs épisodes n’est guère mis en valeur dans celui-ci, tant il apparaît contraint.
Mais j’ai été plus séduit par l’histoire de Jacob et Evie Frye dans le Londres des années 1860. Leur combat contre le templier Crawford Starrick n’a rien de bien palpitant, mais leur rivalité entre frère et sœur est bien développée. La trame semble presque se dédoubler grâce à leurs personnalités différentes. Leurs rencontres ne sont rien de moins qu’avec le gratin de cette époque, avec Darwin ou Dickins.
Et, il faut bien le reconnaître, le Londres cette époque semble bien restitué. Le travail de reconstitution historique est à saluer, malgré toutes les libertés que le jeu peut prendre. L’histoire est romanesque et moderne, mais le cadre sent les vieilles pierres et la misère de l’époque, entre beaux bâtiments et taudis.
Aux commandes de tel assassin, les possibilités sont nombreuses, et l’approche en force est à déconseiller, au moins lors des premiers pas. L’intelligence artificielle n’est guère développée, ce qui fait qu’utiliser toutes les possibilités relève du choix du joueur. C’est le nombre qui représente la principale difficulté, et dans les situations qui ont mal tourné, il suffit de s’enfuir pour mieux revenir. Mais au corps à corps, quand il faut en découdre, les affrontements ne manquent pas de punch, et le système est assez complet. Il faut plusieurs heures de jeu pour en saisir toutes les particularités et arriver à survivre dans des mêlées plus vastes.
La licence a surtout été vendue pour sa liberté de mouvement, où chaque élément du décor n’est plus seulement décoratif, mais un possible point d’observation ou de fuite. Mais si c’est utile, l’escalade urbaine n’a en soi rien de bien gratifiant, tout étant assez automatisé. Le jeu a le bon goût de proposer un grappin, pour accélérer le transport, mais une fois de plus le joueur se laisse porter. Au ras du sol, pour arpenter l’espace de Londres, différentes calèches sont proposées et leur conduite est assez plaisante, bien plus nerveuse que ce qu’on pourrait faire dans la réalité.
Ces modes de transports équestres sont intégrés aux missions et aux quêtes annexes du jeu. Si les missions principales proposent de nouveaux cadres et différents objectifs secondaires, il leur manque d’autres contraintes pour les distinguer du reste du jeu. Le reste de la carte regorge d’objets à collectionner et d’autres quêtes à travers Londres. Ces missions secondaires se répètent, mais elles permettent de faire évoluer la ville en notre faveur, quartiers par quartiers, en détrônant les chefs de gangs et en ralliant les ennemis. Tout est récompensé dans le jeu par de l’argent, qui nous permet de faire améliorer l’équipement, les compétences étant régies par un autre système, ou de modifier les rues de Londres en notre faveur, par exemple en armant nos troupes ou en augmentant le nombre de calèches à nos couleurs.
Jouer sur l’évolution de la ville est tellement agréable, qu’on aurait aimé encore plus de possibilités, notamment en y intégrant un peu plus de micro-management.
C’est un premier positif avec la licence, que j’aurais bien essoré, me rendant maître de la ville et des obstacles, avec un certain plaisir. Mais qui ne me donne guère envie de poursuivre avec d’autres jeux. Ce que j’ai apprécié, la double équipe, le contexte historique, les véhicules ou le changement de la ville pour nos besoins, semble réservé en majorité à cet épisode. Le reste, qui me semble plus faible, tel que le gameplay trop assisté, la carte boursouflée de quêtes qui se répètent et une trame scénaristique inintéressante, semble revenir d’épisodes en épisodes. J’ai é un bon moment et ma curiosité devait m’amener à essayer un Assassin’s Creed, mais j’ai du mal à voir pourquoi la licence est devenue si importante. Son succès me semble la preuve d’un certain manque d’ouverture du public qui, une fois qu’il a découvert ce qui lui semble un bon jeu veut la même recette. Et les mêmes recettes, Ubisoft adore ça.