Je ne vais pas souvent sur les terres du cinéma islandais. C'est pour cela que je suis reconnaissant envers des sélections de festival, comme Un Certain Regard à Cannes, qui mettent en avant des pépites, venant du monde entier, à côté desquelles on erait, à tort, autrement.
On commence par une séquence, au bord de la mer, alors que le soleil est en train de se coucher à l'horizon. On est introduit au protagoniste féminin, Una, cheveux rasés, allure de garçon manqué, en compagnie de son petit ami caché, Didi. Caché, car ce dernier est en couple avec une autre meuf, Clara. Il compte bien rompre avec Clara pour être avec Una. Du moins, il l'affirme. Est-ce qu'il l'aurait réellement fait ? On ne le saura jamais, vu qu'il décède, le lendemain, lors d'un accident dans un tunnel, ayant fait plusieurs morts...
Les vingt-quatre heures, sur lesquelles se déroule l'intrigue, ne constituent pas une journée grisâtre banale, mais un court laps de temps lors duquel tout bascule. Le type de journée qui peut avoir plus d'impact dans toute une vie que plusieurs années. Non seulement, le personnage principal doit faire face à une tragédie, mais, en plus, elle se sent obligée de se mettre à distance des pleurs des amis de Didi (ce que soulignent visuellement plusieurs séquences dans la première moitié !), parce que le rôle de la petite amie éplorée appartient à Clara. Double situation douloureuse dans laquelle Una navigue comme elle le peut.
Tout ceci avant que les deux jeunes femmes finissent par se rapprocher instinctivement. D'abord, au détour d'une scène, durant laquelle l'architecture particulière d'une église est habillement utilisée et filmée pour donner un sentiment d'élévation aux personnages, mais aussi aux spectateurs. On aura le droit également à un plan à la Persona, avec leurs deux visages qui se confondent. Et, bien sûr, une des dernières scènes fait écho à l'introduction susmentionnée.
En résumé, Rúnar Rúnarsson (qui intègre, par le biais de cette réussite, ma cinéphilie !), utilise avec habilité le langage de l'image pour exprimer l'isolement puis le rapprochement. Pas besoin de beaucoup de dialogues pour que l'on saisisse l'intériorité des deux endeuillées. Show don't tell, le réalisateur l'a très bien compris et c'est ce qui fait une grande partie de la force de cette œuvre.