L'expression "âge d'or hollywoodien" prend tout son sens quand elle est étayée par des petits délices tels que ce You can't take it with you. Adapté d'une pièce à succès, le 29ème film de Frank Capra n'a besoin que de quelques minutes pour vous prendre au piège de son intrigue espiègle et réjouissante mais faussement légère.
La faute à cette foutue famille de doux dingues portée par un casting littéralement à croquer. Lionel Barrymore et sa bienveillance permanente. Spring Byington et ses créations sans queue ni tête. Ann Miller et ses arabesques de petite fille. La pyrotechnie déglinguée de Samuel Hinds et Halliwell Hobbes. Même cette bonne grosse caricature de Russe campée par Mischa Auer est finalement l'un des personnages les plus drôles. Le domicile des Vanderhof ret bien vite la liste de ces maisons de cinéma que l'on ne voudrait jamais quitter.
En exposant la philosophie de vie de cette famille libérée de toutes les pressions sociales et économiques, Capra milite, sinon contre le capitalisme, du moins pour un capitalisme plus humain. Le duel entre Martin Vanderhof et Anthony Kirby (Edward Arnold) tend à chercher plus souvent le rapprochement que l'opposition. On ne peut pas dire que la morale soit assénée avec la plus grande finesse, mais le scénario a au moins le mérite d'enrober son message avec beaucoup de sincérité et de conviction.
La durée peut paraître excessive pour une comédie, mais elle permet au contraire à Capra de faire vivre tous ses personnages - et il y en a un paquet - et de développer un récit parfaitement fluide, peut-être juste un peu moins efficace dans son dernier acte assez prévisible. La romance entre James Stewart et Jean Arthur, qui permet la confrontation des deux familles, amène un surplus de grâce, d'élégance et de romantisme, la cerise sur le gâteau de ce petit bonheur de cinéma.